Le mal catastrophique qui a frappé six patients britanniques il y a quelques semaines, dans le cadre de l'essai d'un médicament, reste une énigme. On se contente d'éliminer les hypothèses une à une.

Ainsi, l'hypothèse la plus rassurante –pour le fabricant du médicament qui était testé, l'allemand TeGenero– était que quelqu'un avait mal suivi le protocole: autrement dit, on s'était trompé dans les doses injectées aux six patients. Or, dans son rapport préliminaire, l'agence chargée d'approuver les essais cliniques en Grande-Bretagne, et également chargée de cette enquête, rejette cette hypothèse: le protocole a bel et bien été suivi à la lettre.

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Y aurait-il pu y avoir contamination par un autre produit? Cette hypothèse avait également été suggérée dès le premier jour, le 13 mars, lorsque ces six patients avaient été envoyés d'urgence aux soins intensifs, victimes de défaillances subites aux quatre coins de leur organisme, qui avaient failli les faire mourir tous les six. L'Agence de réglementation des médicaments et produits de santé rejette également cette hypothèse.

Ce qui renvoie donc au médicament lui-même. Le TGN1412, un anticorps qui devait en théorie stimuler le système immunitaire pour l'aider à combattre les cellules cancéreuses, aurait un effet potentiellement dévastateur sur le système immunitaire des humains. Et cela, bien que les tests préliminaires sur des souris, des lapins et des singes, aient été très encourageants. Qui plus est, ces animaux avaient, dans certains cas, reçu des doses de ce médicament 500 fois supérieures à celle donnée aux six patients!

Résultat, un échec aussi spectaculaire sur des humains illustre peut-être que notre système immunitaire est plus complexe qu'on ne le soupçonnait –et que, contrairement à d'autres parties de notre corps, il dissimule peut-être une différence avec les systèmes immunitaires des rats ou des primates, une différence subtile mais fondamentale.

Chose certaine, la classe de médicaments expérimentaux dont fait partie le TGN1412, qu'on appelle les "thérapies super-antagonistes" en raison de leur effet soi-disant plus puissant, est à présent sur la glace. Non sans raison, écrit le New Scientist, qui avait souligné dans les jours suivant l'événement, que des études antérieures avaient déjà laissé planer des doutes sur la possibilité d'une "réaction excessive" du système immunitaire à cette classe de médicaments.

Cinq des six cobayes ont à présent quitté l'hôpital. Le sixième ferait de "bons progrès", selon l'Agence de réglementation. Un comité de l'Agence doit également, dans trois mois, proposer de nouvelles normes sur ce qui permettrait à un médicament de passer de la phase des essais sur des animaux à la première phase des essais sur des humains.

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