La recherche sur le clonage a subi le plus sérieux revers de son histoire avec la fraude sud-coréenne. Mais plusieurs groupes, à travers le monde, ne lâchent pas prise et poursuivent leur quête. Survol d'un secteur déstabilisé.

Mai 2005: le Dr Hwang Woo Suk proclame avoir réussi à pratiquement cloner des cellules-souches humaines "sur mesure". Janvier 2006: tout était faux et la disgrâce est totale sur le Dr Hwang, son équipe et, par ricochets, l'Université nationale de Séoul (voir ce texte).

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Pour les autres chercheurs, la quête est donc encore moins facile qu'avant. On savait depuis la brebis Dolly que le taux d'échec était extrêmement élevé, voilà qu'on se demande si on est plus près du but qu'à l'époque.

Dans sa dernière édition, la revue américaine Science recense au moins sept groupes (trois aux Etats-Unis, trois en Europe, un en Chine) qui affirment être sur le point de commencer à "créer des lignées de cellules-souches à partir de celules d'embryons humains". En d'autres termes: cloner des cellules embryonnaires humaines.

  • À l'Institut des cellules-souches de l'Université Harvard (Massachusetts), un groupe a rassemblé toutes les autorisations nécessaires pour accepter les dons d'ovules, après deux ans de travail. Il lui a fallu pour cela passer par au moins cinq comités d'éthique et conseils de révision, rapporte Science. Les fonds pour cette recherche proviennent du secteur privé, puisque le gouvernement américain interdit l'usage de fonds publics pour ce type de recherches sur les cellules-souches.
  • À l'Université de Californie, la biologiste du développement Renee Reijo-Pera se préparait à envoyer ses étudiants à Séoul pour en apprendre plus sur la technique utilisée par le Dr Hwang. La voilà renvoyée de plusieurs cases en arrière.
  • À New York, le Centre Sloan-Kettering sur le cancer est l'un de ceux qui ont travaillé avec plusieurs lignées de cellules-souches soi-disant créées par l'équipe du Dr Hwang. Pour eux aussi, retour en arrière. Ce Centre et ses deux partenaires (dont l'Université Rockefeller) ont reçu un don de 50 millions$ de la Fondation Starr pour leurs recherches sur les cellules-souches.
  • Les trois groupes européens, eux, sont financés en partie par des fonds publics. L'un d'eux est mené par nul autre que Ian Wilmut, l'homme associé au clonage de la brebis Dolly. Lui et son collègue Christopher Shaw, du Collège King de Londres, ont reçu en février 2005 l'autorisation des autorités britanniques pour poursuivre leurs expériences de clonage de cellules humaines, mais le scandale sud-coréen les a obligés à réviser les données du Dr Hwang, sur lesquelles ils s'appuyaient, ce qui a retardé tout le travail d'au moins un an.
  • Petite longueur d'avance pour une équipe de l'Université de Newcastle: avec la disgrâce jetée sur les travaux du Dr Hwang, cette équipe britannique se retrouve avec l'honneur d'être la seule à avoir publié (en 2005) un article "lu et approuvé" sur du clonage de cellules humaines: le développement pendant quelques jours d'un embryon, mais pas assez longtemps pour qu'on puisse en utiliser des cellules-souches.
  • Enfin, une équipe de l'Académie chinoise des sciences, à Shanghaï, tente d'obtenir l'autorisation d'aller de l'avant avec ses expériences. Le nerf de la guerre, en Chine comme ailleurs, résume Science: l'argent.
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