Les oiseaux migrateurs ont probablement contribué, et contribueront encore, à répandre la grippe aviaire de l’Asie jusqu’en Europe et en Afrique. Mais avis aux chasseurs : abattre les oiseaux migrateurs risquerait d’empirer le problème.

Réunis à Rome sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), 300 scientifiques de 100 pays ont conclu la semaine dernière sur cet avertissement destiné aux gouvernements qui songeraient à se lancer dans une politique d’abattage à grande échelle des oiseaux migrateurs : si vous faites cela, vous ne ferez qu’abattre les individus " en surplus ", sachant que plusieurs espèces sauvages produisent plus de petits que la nature ne peut en absorber.

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Marc Choisy et Pejman Rohani, de l’Université de Georgie, ont même produit un modèle mathématique qui tend à démontrer que la chasse accroîtrait la proportion des plus jeunes dans une population d’oiseaux –parce que les plus vieux sont les plus faibles, donc les premiers abattus par les chasseurs. Or les plus jeunes sont justement ceux qui n’ont pas encore vécu assez longtemps pour être immunisés contre un nouveau virus. Donc, plus de jeunes signifie davantage de chances pour le virus de se répandre !

Faudrait-il plutôt songer à vacciner à grande échelle les élevages de volaille ? La question est revenue sur la table lors de cette rencontre de la FAO, et n’a pas abouti à un consensus. Pour les uns, même si les oiseaux migrateurs ont permis de transporter le virus à de très grandes distances, n’empêche que ce sont les élevages qui demeurent le principal vecteur de propagation de la grippe aviaire : d’où la nécessité de les vacciner.

Les autres évoquent en revanche l’éternel dilemme d’une vaccination à grande échelle : le risque qu’une version mutante du virus ne survive dans quelques élevages et que tout soit alors à recommencer. Le risque est d’autant plus élevé que des pays comme la Chine et l’Indonésie sous-estiment l’incidence du virus chez eux, parce que les éleveurs ne signalent pas tous les cas, faute d’une compensation financière adéquate, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé animale.

Sans compter le cas de l’Afrique, qui n’aurait pas les moyens de vacciner. Huit pays y ont à présent observé des cas de grippe aviaire. Si le virus y devient endémique, il suffira de quelques années pour qu’il se répande à nouveau sur le reste de la planète.

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