Après la cigarette ou le manque de lait maternel, voilà que le travail nuit lui aussi au poupon. Lorsque la future maman occupe un emploi contraignant et pénible, cela aurait une influence sur le poids du bébé à naître, rapportent des chercheurs de l'Université Laval dans un récent numéro de l'American Journal of Public Health.

Bruits soutenus, lourdes charges, station debout prolongée, horaires et cadences infernales: alors que la grossesse avance, certaines tâches peuvent même devenir problématiques. "Nous nous sommes intéressées aux contraintes ergonomiques que vivent les travailleuses enceintes. Ce sont les plus courantes et les moins documentées", annonce Agathe Croteau de l'Institut national de santé publique.

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La chercheuse s'est penchée, avec Sylvie Marcoux et Chantal Brisson de l'Université Laval, sur le quotidien des caissières, infirmières, employées de la restauration et de bien d'autres secteurs. Par le biais d'entrevues auprès de 1536 jeunes mamans, qui ont accouché entre janvier 1997 et mars 1999, elles ont regardé plus particulièrement les facteurs présentant un risque pour l'enfant à naître.

Ergonomiques, physiques, chimiques ou biologiques, la Commission de la santé et de la sécurité au travail recense différents dangers qui guettent la travailleuse enceinte ou qui allaite. La loi sur la santé et la sécurité au travail protège celles qui y sont exposés en leur accordant le droit d'être réaffectées ou retirées de ces tâches dangereuses. "Les médecins de la CSST doivent souvent se prononcer sur les dangers qu'encoure la travailleuse enceinte sans avoir réellement de connaissances scientifiques complètes. Nous avons voulu les aider à y voir plus clair" explique Agathe Croteau.

En effet, les résultats de cette étude ont été communiqués au Comité d'harmonisation du Réseau de la santé et sécurité au travail chargé des guides de pratiques pour les médecins du travail.

Cette étude montre d'abord que plus les facteurs liés au travail s'accumulent, plus s'élèvent les risques pour l'enfant. "Avec deux facteurs cumulés, le risque est accru de 28% d'avoir un enfant de faible poids mais il s'accroît de 129% pour une combinaison de quatre facteurs ou plus", annonce la chercheuse. Bonne nouvelle pour les mesures préventives (nouvelle affectation, retrait de l'emploi, etc.): lorsqu'elles sont prises avant la 24e semaine de gestation, les travailleuses présentent des risques moindres.

L'influence du travail se ferait également sentir sur la date de l'accouchement. Plus il est pénible et plus les mamans accoucheraient avant terme. "Nous avons constaté une croissance du même ordre liée à la multiplication des facteurs de risque", relève la chercheuse. Cette constatation fera l'objet d'une seconde publication.

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