Pendant qu'une partie de la Terre souffre de la chaleur estivale, d'aucuns se préoccupent de la météo sur Titan. Leurs prévisions: constat: froid –moins 180 degrés!– mais très humide.

Mine de rien, c'est la toute première preuve tangible qu'il y a du liquide ailleurs que sur la Terre. Le liquide a beau être du méthane, et non de l'eau, les chercheurs qui planchent depuis deux ans sur les données de la sonde spatiale Cassini n'en sont pas moins aux anges: Titan, cette mystérieuse lune de Saturne, située à 2 milliards de kilomètres d'ici, continue d'accumuler les points communs avec la Terre.

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Bulletin météo pour l'année à venir: de petites brises, à l'occasion des trombes de pluie, voire des cellules orageuses. Peut-être est-ce à ces orages qu'on doit les lacs découverts dans l'hémisphère Nord –mais pas un océan, contrairement à ce que les planétologues espéraient, avant l'arrivée de Cassini là-bas.

Ces lacs permettent toutefois d'élucider un mystère qui hante ces mêmes planétologues depuis deux ans: où est passé tout le méthane? C'est qu'il y a des décennies qu'on sait que l'atmosphère de Titan en contient en abondance. Or, le méthane ne survit que quelques millions d'années dans l'atmosphère: les rayons ultra-violets du Soleil le décomposent, avec pour conséquence qu'il doit nécessairement y avoir une ou des sources à la surface. D'où l'hypothèse des mers de méthane liquide, voire d'un océan.

Or, à l'arrivée de la sonde Cassini et surtout de sa petite soeur Huygens, larguée sur Titan en janvier 2005, pas de trace de de méthane à la surface: certains craignaient même qu'au lieu de se poser Huygens face un grand Plouf! et se noie dans une mer jaune. Aujourd'hui, les lacs de l'hémisphère Nord, qui feraient entre 1 et 32 kilomètres de large, permettent de "remplacer" cet océan, résume le géologue Alfred McEwen, de l'Université de l'Arizona.

Ce sont des images radar, prises le 22 juillet, qui ont révélé la présence de ces lacs, la couche nuageuse étant trop épaisse pour permettre à la caméra "classique" de voir quoi que ce soit. Cassini, poursuivant ses orbites autour de Saturne, doit repasser (pour la 18e fois en deux ans) à proximité de Titan le 7 septembre, au-dessus de son Pôle Nord. On pourrait peut-être alors "voir" si la taille de ces lacs varie en fonction des saisons –puisqu'il y a bel et bien des saisons là-bas, l'hémisphère Nord de Titan se trouvant en ce moment, et jusqu'en 2009, à la fin de l'hiver.

Parallèlement, deux équipes, une allemande et une espagnole, publiaient fin-juillet dans Nature deux études, sur la température et la pression atmosphérique d'une part, et sur la probabilité d'orages d'autre part, le tout à partir des données récoltées lors de la descente d'Huygens.

La raison de cet intérêt pour un monde aussi lointain: ces mélanges d'hydrocarbures, dont le méthane, sont, croient les scientifiques, le portrait tout craché de la Terre telle qu'elle était il y a 4 milliards d'années, alors que les "briques" de la vie commençaient à s'assembler. Depuis, le froid extrême qui règne sur Titan a mis tout cela au congélateur, de quoi nous permettre d'apprendre à quoi "nous" ressemblions il y a 4 milliards d'années.

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