Le choix des bébés à naître –de préférence des garçons plutôt que des filles– n’a lieu qu’en Inde ou en Chine? Détrompez-vous. Près de la moitié des cliniques américaines offrent maintenant ce choix.

Passée inaperçue en fin de semaine, la nouvelle de l’Associated Press a pourtant de quoi faire frémir: "de plus en plus de gens utilisent des tests d’embryons pour choisir leur bébé" ( More couples use embryo tests for "designer babies ).

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Autrement dit, les futurs parents profitent des tests utilisés pour détecter des anomalies génétiques, pour choisir le sexe de leur futur enfant.

Jusqu’à 40% des cliniques de fertilité américaines visitées dans le cadre d’une enquête, offrent ce choix. L’enquête dirigée par la juriste Susannah Baruch, de l’Université Johns Hopkins, à Washington, a porté sur 415 cliniques, dont 190 ont répondu aux questions. Elle est parue en septembre dans l’édition en ligne du journal Fertility and Sterility.

Le test génétique dont profitent ainsi les futurs parents s'appelle diagnostic pré-implantatoire. Il résulte en partie de la popularité des fertilisations in vitro: avec cette technique, il arrive en effet souvent que les parents se retrouvent avec plus d’un embryon potentiellement viable; c’est à ce moment que se fait le choix du bébé "le plus parfait possible".

Ce type de diagnostic, pour des raisons dites non-médicales, est interdit au Canada mais autorisé aux États-Unis, où il a notamment l’approbation d’une association médicale d’aide à la reproduction (Society for Assisted Reproductive Technology), qui a contribué à l’enquête.

Autre choix controversé offert aux parents: l’embryon dont le cordon ombilical contiendra du sang compatible avec celui de son grand frère ou sa grande soeur souffrant d’une maladie rare. Quelque 23% des cliniques interrogées offraient ce choix en 2005, même si seulement 1% des tests de dépistage sont faits dans ce but.

Dans la plupart des cas, ces tests sont réalisés pour des raisons que nul ne conteste: détecter à temps des maladies mortelles, avant de réimplanter l'embryon dans l'utérus. Mais quand il n’y a aucune raison médicale, un tel choix ne devrait même pas être offert, s’indigne George Annas, éthicien à l’Université de Boston.

Avec cette étude, souligne l’Associated Press, les éthiciens voient confirmées "leurs pires craintes", celle de la quête du "bébé parfait" qui possédera certaines caractéristiques plus "souhaitables" que d’autres –et c’est là une tendance qui ne fera peut-être que s’accentuer dans les années à venir.

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