Depuis quelques mois, le phénomène climatique El Niño frappe durement la Bolivie. Des milliers d’hectares dans les vallées du Beni, du Pando et de Santa Cruz sont submergés, affectant plus de 80 000 familles et tuant au moins 50 personnes. Pendant ce temps, la sécheresse et le gel détruisent les cultures des hauts plateaux de la région de La Paz. Le pays a été déclaré, le 28 février dernier, en « situation de désastre national » par son président, Évo Morales.

Bien qu’il n’ait pas plu depuis deux mois dans les champs de l’est du pays, ce sont les vallées inondées de l’ouest qui attirent l’attention depuis décembre. Le garde-manger du pays ne réussit plus à fournir les grandes villes, les comptoirs des viandes se vident et le prix des fruits a presque doublé depuis le début du désastre. Les coûts de transport ont explosé depuis que des glissements de terrain majeurs ont rompu, il y a un mois, la route reliant l’ouest et l’est. L’ancienne route abandonnée a été rouverte, mais l’instabilité de la terre argileuse rend le passage difficile. Selon des sources policières, 352 camions étaient bloqués le 14 mars près de Santa Cruz dont plusieurs avec des cargaisons périssables. Les autorités ont demandé un délai de trois jours pour reconstruire le tronçon affecté, mais les pluies incessantes des derniers jours menacent la réussite de leur travail.

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Deux cent quarante-cinq écoles rurales ont été détruites par les inondations et 66 devront subir des réparations majeures. Au total, 47 000 enfants, en comptant ceux dont les écoles sont maintenant des refuges pour sinistrés, ne peuvent plus aller à l’école depuis le début du mois de février.

Pendant ce temps, les maladies infectieuses se propagent rapidement chez les sinistrés. On compte 2 000 cas de dengue et 500 de leptospirose. Trois infections à l’Hantavirus sont également déclarées. Selon le ministère de la Santé, 85 % des moustiques Aedes aegyptis de la région sont porteurs des virus de la dengue ou de la fièvre jaune. Pour limiter la montée du choléra, le Mexique a envoyé des flacons de désinfection d’eau. L’aide internationale afflue des pays limitrophes. On prévoit déjà que 22 000 des sinistrés auront besoin d’aide alimentaire pendant 10 mois. Le Programme alimentaire mondial ne pourra cependant les approvisionner jusqu’en avril seulement.

Une fois le désastre passé, le gouvernement bolivien affectera 155 millions $ US aux travaux de reconstruction. Déjà, les pertes en culture et en bétail se chiffrent à 250 millions $ US. La diminution du rendement des cultures pour les trois prochaines années est estimée à un coût similaire. Chaque éleveur perd en moyenne 18 bêtes par jour tandis que le tétanos demeure très présent chez les bêtes survivantes. On estime que l’élevage prendra 7 ans à se remettre de ce désastre.

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