Mabel Franco, éditrice des pages scientifiques de La Razón, le plus important quotidien de La Paz, est surprise de rencontrer une journaliste scientifique. « Cette fonction n’existe pas tout simplement pas en Bolivie ! » Pourtant, son journal publie, chaque dimanche dans un supplément culturel, deux pages de nouvelles traitant de science et de technologie. Principalement, des nouvelles scientifiques internationales.

« Nous couvrons rarement la science bolivienne parce qu’il ne se fait presque rien de calibre en sciences pures. Rien qui ne puisse véritablement rivaliser avec l’international. Les scientifiques boliviens n’ont pas de moyens », explique-t-elle. Quelques nouvelles en sciences sociales, un domaine de recherche où selon elle la Bolivie arrive mieux à tirer son épingle du jeu, réussissent parfois à se glisser dans le supplément du dimanche.

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L’absence de sciences boliviennes dans les pages de La Razón s’explique, d’une part, parce que les journalistes ont abandonné l’idée de trouver des recherches d’importance et d’autre part, parce que les chercheurs ne les contactent pas pour les informer. Une situation déplorable que confirme le responsable des centres de recherche de l’Université San Simón de Cochabamba, Eduardo Zambrana. Le service des communications de l’université ne promeut pas les découvertes des chercheurs, mais publicise plutôt ses positions politiques de l’établissement.

À Cochabamba, le quotidien Los Tiempos, distribué dans toute la Bolivie, publie chaque dimanche le Vida y Futuro, deux pages entièrement dédiées à la science et à la technologie. Un espace quotidien est aussi normalement réservé aux sciences. En principe seulement, la publicité ayant parfois préséance sur la science. Pour le choix des nouvelles, l’éditrice Luz Marina Canelas se fie d’abord à leur intérêt général, sans égard à la science qui se fait en Bolivie. Elle garde cependant l’œil ouvert. Et la récolte est plutôt bonne dans sa région puisqu’il n’est pas rare qu’elle en couvre.

Au Correo del Sur, le seul quotidien de Sucre, la capitale, la question se pose différemment. La salle de rédaction compte seulement neuf personnes. Le manque de journalistes empêche une couverture scientifique. Mais l’éditeur des pages internationales, Javier Cosulish, réussit tout de même à insérer dans son journal quelques nouvelles scientifiques en puisant à même les autres journaux boliviens. En conséquence, la science dans la capitale, il ne connaît pas !

Les responsables des sciences dans ces journaux sont unanimes sur une chose : les articles scientifiques publiés répondent à une demande de leurs lecteurs. L’intérêt du public est donc bien présent pour les sciences, boliviennes ou pas.

La Razón Quotidien majeur de La Paz (1.5 million d’habitants) Distribution nationale limitée Tirage de 30 000 et 45 000 le dimanche Salle de rédaction de 40 journalistes

Los Tiempos Quotidien majeur de Cochabamba (600 000 habitants) Distribution nationale Tirage de 10 000 et 30 000 le dimanche Salle de rédaction de 30 journalistes

Correo del Sur Seul quotidien de Sucre (225 000 habitants) Distribution régionale Tirage de 3 500 et 4 500 le dimanche Salle de rédaction de 9 journalistes

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