Il n’a peut-être pas le charisme du kangourou ni la candeur du koala mais le petit opossum gris à courte queue est devenu une célébrité. Il est le premier marsupial dont l’ADN a été décodé génétiquement.

L’opossum comme les autres marsupiaux donnent naissance à des rejetons immatures qui sont nourris et continuent de se développer à l’extérieur de l’utérus. Cependant, contrairement aux autres marsupiaux qui quittent le ventre de leur mère pour s’installer dans une poche ventrale, les opossums continuent leur croissance accrochés à la poitrine de leur mère. À leur naissance, les opossums, à peine plus gros qu’une bouche et un ventre, rampent jusqu’au sein de leur mère et y restent fixés bien solidement. Leur système immunitaire ne fonctionne pas encore mais ils sont tout de même capables de survivre à l’air libre. Ces caractéristiques font de l’opossum un animal qui, à première vue, semble très différent des autres mammifères, dont l’humain, la souris, le chimpanzé et le macaque dont les codes génétiques ont déjà été décryptés. En étudiant les gènes de ce marsupial, les scientifiques espèrent découvrir comment celui-ci réussit à survivre et à se développer dans de telles conditions. Ils espèrent aussi découvrir comment la moelle épinière des bébés opossums parvient à se régénérer lorsqu’elle est sectionnée.

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L’opossum est utilisé couramment comme modèle expérimental des les laboratoires pour étudier les causes de certaines maladies comme le cancer et les problèmes neurologiques. Le marsupial est l’un des seuls mammifères à être atteint comme les humains du mélanome malin, s’il est exposé aux rayons ultra-violets.

Le travail de décodage réalisé par une cinquantaine de généticiens australiens et canadiens orchestré par Kerstin Lindblad-Toh du Broad Institute à Cambridge, au Massachusetts, révèle que l’opossum a entre 18,000 et 20,000 gènes organisés en neuf paires de chromosomes dont la majeure partie se retrouve également chez les humains. Les scientifiques ont été surpris de constater que le système immunitaire de l’opossum qu’il croyait être primitif, est en fait au contraire très élaboré. Il possède même des récepteurs aux lymphocytes T jusqu’ici inconnus des chercheurs.

Les principales différences observées par les scientifiques entre notre code génétique et celui du marsupial sont les séquences d’ADN responsables de la régulation des gènes, celles qui contrôlent quand et où les processus cellulaires deviennent actifs. Plusieurs de ces séquences sont absentes chez l’opossum. «Près de 20% de toutes les instructions de régulation trouvées dans le génome humain ont été créées après que notre espèce se soit séparée de celle des marsupiaux», constate Eric Lander, directeur du Broad Institue. «Notre évolution relève donc beaucoup plus de l’action de régulation de nos gènes que de la spécificité de nos gènes eux-mêmes», conclut-il.

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