Deux kilomètres d’épaisseur, ça c’est de la glace! Les scientifiques savent que plus ils creusent profondément dans de telles calottes, plus ils remontent loin dans le passé. Jusqu’à une époque où il n’y avait pas... autant de glace! Eh bien au Groenland, sous la glace, ils viennent de découvrir l’ADN d’une forêt de pins et de ses insectes.

Il y a 450 000 à 800 000 ans, le Sud du Groenland était donc vert —encore plus vert que ne lui mérite son nom qui veut dire, l’avez-vous oublié, « Greenland ». Et le fait de n’avoir pas trouvé d’ADN plus récent incite ces scientifiques à croire qu’il n’y a pas eu d’autres périodes aussi « vertes » depuis. Du moins, pas aussi prolifiques (même si on sait que le Groenland était moins froid lorsque les Vikings y ont accosté vers l’an 1000).

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

On avait déjà découvert des plantes fossiles vieilles de deux millions et demi d’années, plus loin au Nord encore. Mais l’ADN est une molécule qui se dégrade rapidement; on n’espérait donc pas en trouver d’aussi vieille : 450 000 ans, cela constitue un nouveau record.

L’équipe dirigée par Eske Willerslev, directeur du centre de génétique ancienne à l’Université de Copenhague, au Danemark (le Groenland est un territoire danois), a d’ailleurs utilisé une méthode inédite pour extraire cet ancien ADN, qu’elle décrit dans la dernière édition de la revue Science : elle a extrait des fragments de vase (ou du moins, de ce qui était de la vase à l’époque). Si leur méthode s’avère probante, de nouveaux records sont sans doute à venir, tout au moins dans les régions glacées...

Aune, épinette, if... Et au milieu de cette forêt, scarabées, araignées, papillons et papillons de nuit, et bien sûr moustiques... Une forêt dans laquelle ne seraient pas dépaysés les promeneurs des forêts boréales d’aujourd’hui. A en juger par les types d’arbres, les généticiens danois (en collaboration avec des collègues de huit pays, dont la France et le Canada) se risquent même sur la température : cele-ci devait être d’au moins 10 degrés en été et d’au pire, moins 17 en hiver.

Et les animaux? Etrangement, « nous n’avons trouvé aucun ADN d’animal, autre que les insectes, probablement en raison de la faible quantité de glace analysée », explique Eske Willerslev. « L’ADN d’animal se dégrade plus vite et est beaucoup plus difficile à trouver que l’ADN de plante ou d’insecte. »

Je donne