Pendant que les cultivateurs européens, et en particulier anglais, vibrent à nouveau au rythme d’une inquiétude appelée fièvre aphteuse, une question n’a toujours pas trouvé réponse : pourquoi. Pourquoi maintenant, et pourquoi en Angleterre...

L’origine de cette souche de fièvre aphteuse est un laboratoire. N’est-ce pas un problème de sécurité, avant d’être un problème scientifique?

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De toute évidence, même un meilleur budget de recherche au sein du ministère responsable (DEFRA) n’aurait pas empêché cet incident. Tout au plus le temps de réaction aurait-il été réduit. Le premier animal infecté a été détecté le 3 août, et le 7 août, un rapport officiel pointait du doigt deux laboratoires de la région de Pirbright, dans le Surrey, comme la source possible du virus (le site est partagé par un laboratoire public et un privé). La source de contamination la plus probable est un membre du personnel, « par accident ou délibérément ».

Comment diable un virus peut-il « s’échapper » d’un laboratoire?

Eh bien ultimement, c’est à l’humain que tout cela nous ramène. On a beau avoir la meilleure technologie du monde, le mâillon faible, c’est l’humain. Pour une experte en biosécurité interrogé par le quotidien britannique Daily Telegraph , « tout finit par nous ramener à une attitude laxiste du personnel. Vous ne pouvez pas vraiment attribuer une « fuite » à l’âge d’un établissement, parce qu’ultimement, la biosécurité n’est pas un problème technique. »

Est-ce que ça s’est déjà produit?

Oh oui. « Les accidents de laboratoire se produisent plus fréquemment que ne le croit le public » explique dans le New Scientist le représentant d’un organisme américain à but non lucratif qui suit à la trace l’utilisation « d’agents biologiques » dans le monde. Ils ne sont pas « aussi spectaculaires » que l’incident britannique dont on parle depuis le 3 août... mais ils vont peut-être se faire de plus en plus nombreux dans le futur! Cela, en raison des budgets accrus qui, depuis le 11 septembre 2001, sont consacrés aux États-Unis à la recherche sur les armes biologiques.

L’organisme en question, le Sunshine Project, recense une liste de semblables incidents remontant à 1987. Un autre organisme américain, le Conseil pour une génétique responsable, fait de même. Entre autres :

- un technicien de laboratoire de l’Université A&M du Texas a contracté la brucellose après avoir nettoyé un laboratoire hautement sécuritaire qui avait été contaminé par cette bactérie - trois chercheurs du Centre médical de l’Université de Boston ont souffert de tularémie, ou fièvre du lapin, en 2004; - alors que sévissait la pandémie de grippe aviaire en 2004, plusieurs chercheurs ou employés de laboratoire ont souffert de graves infections alors que de nombreux instituts, à travers le monde, étaient engagés dans une course contre la montre pour percer les mystères de cette grippe - l’incident le plus grave connu est survenu en 1979 en Union soviétique : la bactérie de l’anthrax s’est échappée d’un centre de recherche sur les armes biologiques, tuant au moins 68 personnes dans la ville voisine; les autorités ont attribué ces décès à de la viande contaminée, et la vérité n’a vu le jour qu’en 1998.

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