Des rats de laboratoire à qui on a injecté une simple protéine... ont perdu la mémoire! Autrement dit, si vous oubliez le nom de vos enfants, blâmez votre protéine (si vous vous rappelez de son nom!).

Encore qu’il soit difficile de savoir à quel point cette étude s’appliquerait éventuellement aux humains... Le souvenir que les scientifiques ont réussi à effacer chez ces rats, celui d’une odeur, n’était vieux que d’un mois. Pour un rat, c’est l’équivalent de sa mémoire à long terme, mais pour nous, qu’en serait-il?

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Néanmoins, c’est une étonnante nouvelle fenêtre sur la façon dont les souvenirs sont « entreposés » dans notre cerveau, résument Yadin Dudai et Reut Shema, de l’Institut des sciences Weizmann à Rehovot (Israël). Car ce que cette expérience suggère, c’est que si un souvenir peut subsister des années, voire toute notre vie, dans notre cerveau, c’est parce qu’il y aurait peut-être, au plus profond de notre cerveau, un processus continu, impliquant cette protéine (ou l’enzyme avec laquelle elle interagit).

Autrement dit, ce serait comme une usine dont les machines produisent en permanence, nuit et jour. Perturbez la production, et le souvenir peut disparaître. Le souvenir ne serait pas quelque chose de statique, comme un livre qu’on entrepose un jour dans une bibliothèque.

L’expérience, racontée dans la dernière édition de la revue américaine Science, a d’abord consisté à exposer le rat à une odeur de saccharine, puis à leur faire avaler du lithium —dans le but qu’ils associent l’odeur à cette déplaisante expérience. De fait, ils se sont dès lors mis à éviter tout ce qui était associé à la dite odeur.

Un mois plus tard, les chercheurs ont injecté à ces mêmes rats une protéine appelée ZIP (une polypeptide, pour nos lecteurs initiés), que les neurologues ont expérimenté, ces dernières années, pour sa capacité à bloquer la « mémoire spatiale » contenue dans la zone du cerveau appelée l’hippocampe. Cette fois, ils l’ont plutôt injectée dans le cortex, siège de la mémoire à long terme. Les rats ont apparemment perdu tout souvenir déplaisant de la saccharine, puisqu’ils se sont mis à boire l’eau sucrée. « La mémoire n’est jamais revenue », constatent les auteurs.

Tous leurs collègues ne sont pas convaincus, mais la possibilité qu’il existe, dans notre cerveau, un mécanisme jusqu’ici non-identifié qui rendrait une enzyme active, laquelle enzyme serait responsable de la mémoire à long terme, va certainement susciter d’autres recherches dès la prochaine année.

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