Ce sont des rencontres amicales qui tournent mal et laissent un goût amer: moqueries dégradantes, coups et blessures et même viol. La violence dans les fréquentations serait courante chez les jeunes, particulièrement les jeunes femmes. « Elles ont beaucoup de pression de la part de leurs pairs pour avoir un petit ami à tout prix. Et de préférence un qui soit dans l’équipe de hockey ou de football, là où dominent les stéréotypes sexuels », explique Tom Caplan, le directeur de la clinique de violence domestique de l’Université McGill.

Ces jeunes femmes sont généralement plus influençables et possèdent une moins bonne estime d’elles-mêmes que les plus âgées, rapporte le chercheur. Celles qui possèdent une histoire familiale violente ou encore un fort attachement à leur partenaire sont aussi plus à risque. Lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, Tom Caplan a voulu lever le voile sur cette forme de violence méconnue.

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Alors que la violence domestique diminue selon Statistique Canada, la violence dans les fréquentations sévirait très fréquemment dans les couloirs des collèges et des universités. L’enquête nationale de 1993 rapportait ainsi que sur 3 000 étudiants interrogés, 24 % des filles témoignaient de violence psychologique exercée par leur partenaire — 19 % des garçons avouaient en avoir usé — et 4 % des filles rapportaient avoir été forcées à avoir des relations sexuelles non désirées. Au secondaire, les pourcentages seraient encore plus élevés : 50 % des jeunes filles ont connu de la violence psychologique et 14 % ont été forcées d’avoir une relation sexuelle.

La violence et les jeunes

Cette violence peut avoir tous les visages (physique, psychologique, etc.) et s’avère éminemment liée aux émotions. « C’est très immature comme comportement. Les adultes ont généralement appris à parler et à négocier lors de problèmes », avance Tom Caplan.

La violence dans les fréquentations et la violence domestique se ressemblent beaucoup, en commençant, par la spirale du cycle de violence : provocation, colère, explosion, excuses et regrets, nouvelle colère, coups, etc. Là aussi s’établit le même rapport interpersonnel qui s’inspire de stéréotypes sexuels : l’homme domine et la femme obéit.

La violence de fréquentation s’établit graduellement. « On constate que si elle reste après trois rencontres, la relation empreinte de violence dure en moyenne sept ans », relève le chercheur.

Le psychologue Tom Caplan s’intéresse depuis 1989 à comprendre la violence domestique. Il vient de publier un guide sur les besoins dissimulés par les comportements maladaptés – NEEDS - ABC: A needs acquisition and behaviour change model for group work and other psychotherapies - issu de ses recherches.

Il y explique pourquoi certaines femmes vont toujours échouer à construire de saines relations avec leurs partenaires. « Pour améliorer cela, il faut accepter ses propres responsabilités dans l’échec de la relation. Passer d’un rôle de victime à celui de survivant », relève le psychologue. Apprendre à dire non à toutes les formes de violence.

(1) La violence dans les fréquentations par le Ministère de la justice du Canada

Pour les insatiables

“He assaulted me, he assaulted me not”: Supporting young women in responding to intimate partner violence, une conférence donnée par Julia Krane et Tom Caplan. On peut lire le document sur le site de Jewish Women International of Canada

McGill Domestic Violence Clinic

“NEEDS-ABC: A needs acquisition and behaviour change model for group work and other psychotherapies” par Tom Caplan, édition Withing & Birch (2007)

“NEEDS-ABC: A needs acquisition and behaviour change model for group work and other psychotherapies” par Tom Caplan, édition Withing & Birch (2007)

Dating violence resource center

Crédits photo : Istock photo

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