Épauler les parents et les enseignants de jeunes garçons aux troubles de comportement réduirait leur risque de glisser sur la pente de la criminalité. Une intervention précoce serait même favorable à leur réussite scolaire. Ce que révélait un récent article du GRIP paru dans le British Journal of Psychiatry.

 

« Ils ont deux fois plus de chance d’obtenir un diplôme secondaire », soutient Rachel Boisjoli, du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP) de l’Université de Montréal. Ateliers de gestion de crises, de renforcement positif et de stratégies parentales, secondées d’un plan d’intervention auprès des enseignants, les différentes mesures de prévention contrecarrent les problèmes de développement des garçons.

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15 ans après...

Les travaux de l’Étude longitudinale et expérimentale de Montréal (ÉLEM) ont démarré en 1984 avec une cohorte de 1037 enfants francophones fréquentant la maternelle et issus de milieux socio-économiques faibles. L’intervention psychosociale s’est déployée sur deux ans, entre 1985 et 1987, auprès de 250 garçons, les plus difficiles sur le plan du comportement (perturbateurs, agressifs, etc.), mais aussi leurs parents et leurs enseignants.

Qu’en reste-t-il après 15 ans ? Pour le savoir, la chercheuse principale de l’étude longitudinale et expérimentale de Montréal (ÉLEM) s’est penchée sur deux indices : le taux de diplomation et les dossiers criminels de ces jeunes à risque. « Ce sont des indicateurs parlants. La mesure prise à l’âge de 24 ans donne une image réaliste de la situation, surtout du côté de la diplomation », soutient la psychologue de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Cela permet de prendre en compte les décrocheurs qui reviennent à l’école début de la vingtaine pour chercher une formation professionnelle ou technique.

Prévenir la délinquance juvénile

Alors que le groupe de contrôle affiche un taux de diplomation de 32 %, il monte à 45 % chez ceux qui ont bénéficié de cette expérience, soit un tiers de plus. Et on compte un tiers de moins de dossiers criminels pour ce même groupe (22 %). Ce qui reste toutefois au dessus de la moyenne de la population générale, qui s’établit à 8 %. « C’est un groupe plus à risque qu’on ne peut comparer au reste de la population. En intervenant, on augmente leur chance, mais on ne multiplie pas les diplômés », tempère toutefois la chercheuse.

Cette intervention s’inscrivait dans une expérience de prévention de la délinquance juvénile. Axés sur le développement psychosocial des jeunes, les chercheurs du GRIP s’intéressent aux racines des comportements déviants. Cette équipe rassemble des chercheurs de l’Université de Montréal, de l’Université McGill et de l’Université Laval, sous la direction de Richard E. Tremblay, récent récipiendaire du Prix Léon-Gérin (voir à ce sujet « Des hommes de prix »)

Pour en savoir plus:

« Impact and Clinical Significance of a Preventive Intervention for Disruptive Boys: 15 year follow-up”, par Rachel Boisjoli, Frank Vitaro, Éric Lacourse, Edward D. Barker et Richard E. Tremblay, dans le British Journal of Psychiatry.

Étude longitudinale et expérimentale de Montréal (ÉLEM)

Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP)

Crédits photo : Jusben & MorgueFile

 

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