Bonne nouvelle pour la compagnie pharmaceutique Merck : elle pourrait n’avoir à payer « que » 4 milliards 850 millions de $ dans le cadre des poursuites intentées contre elles pour son médicament Vioxx. Bonne nouvelle? Oui, parce que ça aurait pu être pire...

C’est une entente hors-cour qui règlerait finalement ce dossier —si l’entente est acceptée par un nombre suffisant de plaignants— un dossier commencé en septembre 2004 lorsque Merck avait retiré le Vioxx des tablettes.

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Les avocats des utilisateurs du Vioxx qui avaient intenté des recours collectifs avaient alors imputé à cette pilule anti-inflammatoire des dizaines de milliers d’attaques cardiaques —certaines d’entre elles, mortelles. Des analystes du secteur financier prédisaient à ce moment que les poursuites pourraient coûter jusqu’à 30 milliards. Mais entretemps, la compagnie a remporté 12 des 17 causes collectives lancées contre elles dans des tribunaux américains, allégeant chaque fois sa « facture ».

Selon Reuters, la compagnie devra toutefois ajouter à ses pertes un total de 1,9 milliard$ en frais d’avocats, depuis le début de cette histoire.

Retour sur le dérapage pharmaceutique

Vous vous souvenez du Vioxx? À l’origine, ce médicament était, comme ses cousins Celebrex, Bextra et Naproxène, le dernier-né d’une nouvelle classe de médicaments utilisés pour lutter contre les douleurs causées par l’arthrite. Succès fulgurant dès sa mise en marché aux États-Unis, en 1999.

Et puis, certains chercheurs se sont mis à rêver qu’il puisse servir dans la lutte contre le cancer. C’est que le Vioxx est un anti-inflammatoire. Or, un cancer est, si on caricature à outrance, une forme d’inflammation alimentée par de nouveaux vaisseaux sanguins. Au début des anées 2000, ces médicaments ont donc été testés contre le cancer et c’est là que, pour la première fois, une hausse des troubles cardiaques a été constatée.

Autrement dit, un effet secondaire, mais pas quelconque...

Et il a fallu du temps pour l’admettre. Bien qu’une première étude ait tiré la sonnette d’alarme en 2001, ce n’est qu’après la publication d’une seconde étude, en 2004, qui parlait d’un risque « deux fois plus élevé » d’attaques cardiaques chez des patients qui le prennent depuis plus de 18 mois, que le médicament a été précipitamment retiré des pharmacies —2 milliards et demi de dollars de ventes annuelles, tout de même, on y pense à deux fois.

Mais alors qu’on s’attendait à un lessivage judiciaire, les poursuites déposées contre Merck se sont avérées plus complexes que prévu. Comment prouver qu’une attaque cardiaque a bel et bien été causée par le Vioxx quand vous l’avez pris pendant un an, deux ans, trois ans, en maintenant le même rythme de vie qu’avant —et que vous êtes sexagénaire, voire septuagénaire?

Ce n’est pas encore terminé : au moins 38 000 des 60 000 plaignants doivent signer pour que le règlement hors-cour soit viable, selon Reuters. Mais un règlement global, à ce moment-ci, permettrait par-dessus tout à Merck de fermer un dossier qui la hante depuis trois ans, plutôt que de voir celui-ci s’éterniser sous la forme de multiples poursuites individuelles.

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