Pas étonnant que ce poisson s’appelle la vieille sorcière (hagfish). Qu’a-t-il donc de si intéressant? Eh bien, un semblant d’oeil. Un organe très primitif, qui ne lui sert pas —il vit dans les profondeurs obscures des océans— mais qui pourrait être l’étape numéro un de l’évolution qui a conduit jusqu’à nos très complexes yeux.
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L’évolution de l’oeil cache encore plusieurs mystères. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que les créationnistes aient fait de l’oeil leur cible favorite : parce qu’il est composé de trop d’éléments entrelacés pour avoir pu naître spontanément, et parce qu’il suffit d’enlever un de ces éléments pour que l’oeil ne fonctionne pas, les créationnistes y voient une preuve qu’il s’agit du travail d’un « designer ».
Or, avec cette vieille sorcière, on a plutôt une illustration du contraire : un organe sans pupilles, sans cornée, uniquement des capteurs de lumière primitifs. Une équipe de l’Université nationale australienne à Canberra a comparé l’ADN de cette bestiole avec son plus proche cousin —le lamproie, un poisson vivant plus près de la surface et qui a, lui, un oeil plus développé.
Cette équipe y a trouvé les restes d’un lointain passé : le hagfish aurait conservé les caractéristiques de cet oeil primitif, parce qu’il n’en avait pas besoin dans les sombres profondeurs où il vivait, tandis que ses cousins évoluaient dans une autre direction.
Cette division entre deux branches de l’évolution se serait produite il y a environ 530 millions d’années. Et on peut observer « l’évolution » de l’oeil en observant le développement de l’embryon du lamproie, poursuivent les chercheurs dans Nature Review Neuroscience.
« Nous pensons avoir trouvé le chaînon manquant qui montre comment les yeux des vertébrés (incluant les humains) sont devenus ce qu’ils sont », explique Trevor Lamb dans un communiqué. « La larve du lamproie est aveugle est possède un « oeil » similaire à celui du hagfish. Mais alors qu’elle se métamorphose, cet oeil simple passe au-travers d’une séquence de développements jusqu’à ce qu’il ressemble à l’oeil de n’importe quel poisson à mâchoires ».
