Pour les revues scientifiques, l’événement de l’année 2007 ne fut pas la fin du spectacle de Céline Dion à Las Vegas, ni la nouvelle amie de Nicolas Sarkozy, mais une série de percées en génétique qui permettent de mieux nous connaître... plus vite.

Des technologies qui permettent de séquencer l’ADN plus vite et pour moins cher : voilà ce qui s’est mérité le titre de « percée de l’année » (breakthrough of the year) de la revue Science . Ces technologies soulignent du même coup à quelle vitesse accélérée la génétique a progressé depuis le premier « décodage » du génome humain, il y a sept ans : ce qu’on avait alors, c’était le premier brouillon de la séquence génétique commune à tous les humains. Aujourd’hui, on en est à regarder le détail, et à constater des variations qu’on n’aurait pas soupçonnées.

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« Il y a moins d’un an, rappelle Science, la grosse nouvelle était la triangulation entre nous et nos cousins primates afin d’avoir une meilleure idée des variations génétiques survenues le long de l’arbre de l’évolution qui a conduit aux humains. A présent, nous sommes passés de ce qui fait de nous des humains dans notre ADN à ce que mon ADN me fait. »

La technologie permet en effet de passer en revue des milliers de variations génétiques simultanément. Et ça ne fait que commencer. Le génome de plusieurs individus est d’ores et déjà en banque —dont le plus célèbre d’entre eux, l’homme d’affaires de la génétique Craig J. Venter— et pour le vôtre, ce n’est manifestement qu’une question de temps.

Ce sera un sujet épineux de bioéthique en 2008 : la génomique personnelle. Jusqu’où est-il légitime d’aller? Un médecin qui se retrouve avec la carte génétique de son patient doit-il tout lui dire, y compris ce que ce patient n’est pas intéressé à savoir? Pour l’instant, la question ne se pose pas, parce que le coût varie entre 300 000$ et un million$. Mais en 2007, la boîte de Pandore a été ouverte.

Les génomes de tous les êtres humains sont bel et bien « presque » semblables. Mais « presque », ça laisse une grosse marge de manoeuvre. Avec 3 milliards de paires de base —ces paires de base désignées par les quatre lettres A, C, T, G— même d’infimes variations procurent aux chercheurs de quoi travailler : ils estiment à présent que, d’un individu à l’autre, environ 15 millions de lieux sur notre génome peuvent différer. Un travail international en cours, appelé HapMap, sert précisément à cataloguer ces différences, et il a accouché d’une douzaine d’études en 2007. Beaucoup d’autres sont à venir. Ce sera à surveiller en 2008...

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