Si la navette spatiale Atlantis finit par s’envoler d’ici le début de février, la station spatiale recevra un ajout depuis longtemps attendu : le module européen Columbus. Un projet vieux de 20 ans, qui permettra d’insuffler un peu de science dans cette station vieillissante.

Columbus, c’est l’aboutissement de ce qui fait de la station spatiale internationale une station spatiale vraiment internationale. Construit au coût d’un milliard$, il est la plus grosse contribution de l’Europe à cette station. Mais c’est une contribution qui s’est faite attendre :

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- en 1984, le Président des États-Unis, Ronald Reagan, lance un appel à des partenaires internationaux pour la construction de la future spatiale internationale. - l’Europe répond « présent! » et baptise son futur module Columbus, parce qu’on prévoit alors une mise en orbite pour l’année du 500e anniversaire du premier voyage de Christophe Colomb. Soit... en 1992! - Pratiquement mort-né au début des années 1990 pour des raisons budgétaires —et parce que la station spatiale elle-même a pris un retard considérable— Columbus revient à l’avant-scène en 1995 quand l’Europe décide de rester partenaire de la station et revoit à la baisse le concept de son module; un amarrage est alors prévu pour 2001; - En 1999, lors de la présentation de la première maquette grandeur nature du futur module européen, la date de lancement envisagée est à présent 2004; - En 2003, l’explosion de la navette Columbia met un temps d’arrêt à la construction de la station et repousse d’autant tout le reste; - Depuis cet automne, le lancement de la navette Atlantis a été plusieurs fois repoussé pour des raisons techniques.

Pourquoi un module européen?

Qu’a donc ce module européen de si différent du reste de la station? Il s’agit du premier module entièrement dévolu à la recherche. Mini-laboratoire de biologie, équipements pour étudier les effets de l’apesanteur sur notre corps, sur le comportement des liquides, etc. Jusqu’ici, les scientifiques ne l’ont pas peu facile : les retards dans la construction et les mésaventures des navettes n’ont laissé à la science que la partie congrue.

Bien plus, un équipage de seulement trois personnes là-haut, au lieu des sept astronautes jadis prévus, est insuffisant : les activités courantes bouffent les trois quarts du temps de cet équipage.

Or, l’arrivée de Columbus n’y changera pas grand-chose dans l’immédiat, puisque ce n’est pas avant 2009 que l’équipage doit passer de trois à six. Dans un article récent de la revue Nature, on évaluait que les astronautes avaient actuellement 15 à 20 heures à consacrer aux expériences européennes... par six mois.

Quant à savoir ce qui se passera après 2010, date présumée de la mise à la retraite des navettes spatiales, alors que les capsules Soyouz n’offriront qu’un espace de chargement très limité, nul ne le sait.

Pascal Lapointe

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