Columbus, c’est l’aboutissement de ce qui fait de la station spatiale internationale une station spatiale vraiment internationale. Construit au coût d’un milliard$, il est la plus grosse contribution de l’Europe à cette station. Mais c’est une contribution qui s’est faite attendre :
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- en 1984, le Président des États-Unis, Ronald Reagan, lance un appel à des partenaires internationaux pour la construction de la future spatiale internationale. - l’Europe répond « présent! » et baptise son futur module Columbus, parce qu’on prévoit alors une mise en orbite pour l’année du 500e anniversaire du premier voyage de Christophe Colomb. Soit... en 1992! - Pratiquement mort-né au début des années 1990 pour des raisons budgétaires —et parce que la station spatiale elle-même a pris un retard considérable— Columbus revient à l’avant-scène en 1995 quand l’Europe décide de rester partenaire de la station et revoit à la baisse le concept de son module; un amarrage est alors prévu pour 2001; - En 1999, lors de la présentation de la première maquette grandeur nature du futur module européen, la date de lancement envisagée est à présent 2004; - En 2003, l’explosion de la navette Columbia met un temps d’arrêt à la construction de la station et repousse d’autant tout le reste; - Depuis cet automne, le lancement de la navette Atlantis a été plusieurs fois repoussé pour des raisons techniques.
Qu’a donc ce module européen de si différent du reste de la station? Il s’agit du premier module entièrement dévolu à la recherche. Mini-laboratoire de biologie, équipements pour étudier les effets de l’apesanteur sur notre corps, sur le comportement des liquides, etc. Jusqu’ici, les scientifiques ne l’ont pas peu facile : les retards dans la construction et les mésaventures des navettes n’ont laissé à la science que la partie congrue.
Bien plus, un équipage de seulement trois personnes là-haut, au lieu des sept astronautes jadis prévus, est insuffisant : les activités courantes bouffent les trois quarts du temps de cet équipage.
Or, l’arrivée de Columbus n’y changera pas grand-chose dans l’immédiat, puisque ce n’est pas avant 2009 que l’équipage doit passer de trois à six. Dans un article récent de la revue Nature, on évaluait que les astronautes avaient actuellement 15 à 20 heures à consacrer aux expériences européennes... par six mois.
Quant à savoir ce qui se passera après 2010, date présumée de la mise à la retraite des navettes spatiales, alors que les capsules Soyouz n’offriront qu’un espace de chargement très limité, nul ne le sait.
Pascal Lapointe