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Près de 360 000 m3 de bois… un volume équivalent à 16 terrains de soccer sur 5 mètres de hauteur! C’est la quantité de bois, tombée au sol — de manière naturelle et après élagage — suite à la tempête de verglas de janvier 1998!

 

Paul-Émile Rocray, ingénieur forestier à la ville de Montréal et, à l’époque, responsable avec Denis Marcil de l’inventaire et des opérations, commente les chiffres du recensement: « Sur un total de 447 000 arbres à Montréal, 252 000 ont été gravement touchés, 14 000 ont été abattus, 150 000 ont été élagués, etc. Un carnage écologique! » Il faut préciser que les charges de poids qu’ont dû supporter les arbres en quelques jours ont été 40 fois supérieures à la normale. Pas étonnant alors que les arbres à large feuillage tels que les frênes, les érables argentés, les micocouliers et les féviers aient été le plus touchés. Les arbres à la silhouette plus longiligne, comme les chênes rouvre, les peupliers de Lombardie et les chicots du Canada — les champions de la résilience — ont mieux résisté. Comme le roseau, ils ont plié, mais n’ont pas rompu.

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Autre facteur de fragilité, l’isolement. « Les arbres isolés, c’est-à-dire ceux des rues, ont beaucoup plus souffert que ceux des parties boisées. Cependant, à cause de son altitude même faible de 230 mètres, le Mont-Royal, plus froid, a été plus touché par la crise. Ce sont 79 % des arbres du Mont-Royal qui ont été endommagés, ajoute Paul-Émile Rocray. Le verglas s’y est maintenu beaucoup plus longtemps qu’en ville. Pourtant, les dégâts en ville étaient de taille, en particulier dans les quartiers du sud-ouest et de l’ouest de Montréal. »

Un bilan encore très lourd

Dix ans plus tard, le handicap des arbres touchés par la crise reste sérieux. « Les nouvelles branches qui ont poussé à partir de celles qui ont été tronçonnées ou naturellement sectionnées sont fragiles et sensibles aux maladies. De plus, les plaies des arbres ont favorisé le développement de champignons. Dans le parc du Mont-Royal, on assiste à un autre problème : une végétation intrusive et prolifique s’est développée dans les sous-bois des zones décimées. On y trouve des érables de Norvège, des anthrisques des bois, des framboisiers, toute une nouvelle végétation qui a tiré profit de l’apport de lumière causé par l’éclaircissement des cimes. Autre impact de la tempête, de nouvelles branches ont poussé à la verticale sur des arbres pliés, tous ces problèmes entraînant une moindre longévité », explique Paul-Émile Rocray.

Après les 8000 arbres plantés l’année suivant la crise, la ville de Montréal et ses 19 arrondissements continuent à se consacrer au reboisement de chaque quartier. « Malheureusement, les arbres handicapés par la tempête le seront à jamais. Le mieux à faire est d’assurer la relève! », conclut Paul-Émile Rocray. En espérant que le poids de la neige qui s’annonce cette année abondante, n’endommagera pas davantage les arbres déjà estropiés.

 

 

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