Des médias en ont parlé en 2007 : c’étaient de grosses catastrophes ou des événements scientifiques hors de l’ordinaire, qui laissaient présager bien des lendemains. Et puis, les hasards de l’actualité les ont laissés dans l’arrière-scène. Que s’est-il passé depuis?

L’éruption de boue : une des plus étranges catastrophes naturelles se poursuit. En Indonésie, sur l’île de Java, un volcan crache de la boue depuis maintenant 20 mois, et ne montre aucun signe d’essoufflement. Des villages entiers ont été ensevelis. Quelque 16 000 personnes ont été déplacées. On a tenté de colmater cette « fuite » en jetant dans le cratère des centaines de « ballons » de béton de plus de 300 kilos, en vain. La boue a certes cessé de jaillir à deux reprises, en mars et en août... pendant 30 minutes. À l’heure actuelle, le volcan crache 70 millions de litres de boue par jour.

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Quant à savoir ce qui a déclenché cette catastrophe, les avis sont partagés. Adriano Mazzini, de l’Université d’Oslo (Norvège) parle de changements de pression qui, à la suite d’un tremblement de terre, auraient fracturé un « conduit » naturel. Cette hypothèse va à l’encontre de celle qui avait d’abord été avancée, et qui est toujours partagée par la majorité : c’est une exploitation pétrolière qui aurait fracturé ce conduit —une compagnie était au travail à 3 kilomètres de là et pourrait devoir payer 500 millions$ pour les dommages.

La cyber-guerre. En avril 2007, les serveurs informatiques de l’Estonie, ancienne république soviétique, ont subi plusieurs vagues d’attaques venues de l’Est —donc, de la Russie. Pour la première fois, un État a demandé haut et fort : peut-on considérer cela comme un acte de guerre? L’OTAN a considéré la question assez sérieuse pour travailler sur une définition de ce qu’est une « cyber-guerre ». Une politique doit être annoncée en avril, lors du prochain sommet de l’OTAN à Bucarest, Roumanie.

Une théorie du Tout? Voici une nouvelle dont aucun journaliste n’a eu envie de parler en mars dernier, mais dont le cheminement depuis révèle qu’on est peut-être passé à côté de quelque chose. Mars 2007 : des chercheurs publient la carte d’un objet mathématique à 248 dimensions, un bidule qu’ils appellent entre eux E8 (la photo). On décrit cette carte comme pouvant être utile aux physiciens théoriques fouillant les profondeurs quantiques.

Et puis, en novembre, revoilà E8, cité par un physicien indépendant qui l’amalgame à une nouvelle théorie du Tout, ou Théorie de la grande unification —cette mythique théorie, depuis longtemps attendue, qui unifierait les quatre lois qui gouvernent l’Univers. Sans un article du New Scientist , nul n’aurait sans doute entendu parler de cette nouvelle théorie, mais voilà tout à coup E8 visible à la face du monde —même si à peu près personne ne peut expliquer clairement de quoi ça parle.

Biosphère 2 : le chant du cygne. Vingt ans après sa construction, après avoir connu bien des tours et des détours peu honorables (voir ce texte de 2003), Biosphère 2, cet environnement artificiel sous cloche, dans le désert de l’Arizona, a été sauvé des démolisseurs en juin lorsque les terres qui l’entourent ont été achetées par un promoteur immobilier. Il y aura donc des maisons à proximité de cette bizarre construction qui était censée servir de banc d’essai pour de futures bases martiennes. En attendant, les cloches serviront, pour la première fois de leur existence, à faire de la vraie science : des écologistes et des hydrologues veulent profiter de l’étanchéité du bâtiment pour en faire un lieu d’étude sur la façon dont l’eau est absorbée dans le sol, avant de faire son chemin vers les rivières. Le travail doit commencer en 2009.

L’Année polaire internationale n’est pas finie. C’était en 2007, mais c’est aussi en 2008. En fait, cette année dure 24 mois. Elle aura permis de réunir plus de fonds que jamais pour des études sur les Pôles (220 projets de 63 pays!), dont des études venues de secteurs souvent sous-alimentés. Encore que les gros de l’attention soit dirigé vers la réaction des régions polaires au réchauffement de la planète. A voir, pour les amateurs : une carte mosaïque de l’Antarctique.

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