Connaissez-vous les microARN? Si la réponse est « non », vous êtes en bonne compagnie, même les généticiens se demandent encore ce que sont ces curieuses petites choses. Reste qu’ils les lient de plus en plus au cancer.

Retour en arrière : qu’est-ce qui détermine que le développement d’un cancer devienne soudain incontrôlable? C’est une des questions-clefs de la recherche sur le cancer depuis des décennies, puisque de décoder les signaux chimiques que s’échangent nos cellules pourrait permettre de bloquer ces signaux. Or, des biologistes viennent de mettre le doigt sur un des éléments de ces signaux : un déficit de ces petites molécules appelées microARN.

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Ce déficit entraînerait la prolifération (ou y contribuerait) des cellules cancéreuses.

Ces biologistes, dirigés par Joan Massagué, oncologue au Centre Memorial Sloan-Kettering sur le cancer de New York, rapportent dans Nature avoir ralenti la croissance des métastases chez des souris en manipulant leurs microARN.

Mais qu’est-ce donc qu’un microARN? On appelle ainsi un mini-segment de notre code génétique : c’est un « brin » d’ARN qui, parce qu’il est tout petit, avait longtemps été négligé, mais qui a fait l’objet d’une explosion de recherches en 2006-2007.

Les généticiens avaient d'abord établi, il y a longtemps, que les molécules d’ARN sont responsables de l’expression de nos gènes (c’est-à-dire quels gènes produiront des protéines et quand), mais les microARN, eux, semblent être encore plus productifs.

Joan Massagué et ses collègues ont étudié, en plus de leurs souris, 368 échantillons de tumeurs prélevés au fil des années chez des patientes atteintes du cancer du sein et ont recherché des liens entre l’expression des gènes de ces tumeurs et six types de microARN. Ils ont constaté que ces microARN n’étaient actifs que lorsque le degré d’expression de ces gènes était bas.

Et ce sont ces patients-là, c'est-à-dire ceux dont le degré d’expression des gènes était bas, qui avaient le plus de chances d’être encore en vie après 10 ans.

Tout ceci est bien compliqué —chapeau à ceux qui ont lu cet article jusqu’au bout. C’était une bonne expérience en laboratoire mais, convient Massagué, « on est encore bien loin » de pouvoir en tirer un traitement anti-cancer. Mais, avis aux profanes: attendez-vous à voir le mot « microARN » plus souvent dans l’actualité.

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