Une meilleure reconnaissance de la culture et des droits des Autochtones passe aussi par une plus grande diffusion de leur vision du monde. Dans cet esprit, les peuples des Premières Nations pourraient sortir gagnants de l’émergence de nouvelles technologies et recherches en géographie.

Un jeune chercheur en géographie à l’Université McGill vient de concevoir une carte géographique recensant les lieux traditionnels cris de la région de Wemindji. Plus qu’une suite de noms, cette carte désire traduire la conception indigène du territoire. « Je me suis intéressé à la manière dont les Cris nomment les lieux et les places, mais aussi à leur manière de les catégoriser », explique Cristopher Wellen, étudiant à la maîtrise du département de géographie de l’Université McGill et faisant partie à l’équipe de recherche du laboratoire de GIS (Geographic Information Systems) de Renée Sieber à l’Université McGill.

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Pionnière des nouvelles technologies appliquées à la géographie, cette chercheuse se passionne pour l’appropriation de l’Internet et des systèmes d’information par les gens, particulièrement les Premières Nations. Elle poursuivra prochainement une étude sur les bénéfices des cellulaires dans les communautés d’Afrique. Plus métaphysiques, les travaux de Cristopher Wellen établissent une géographie ontologique à la sauce amérindienne; une approche à la fois philosophique et personnelle d’appréhender le territoire. Il présentera ses avancées à la conférence des chercheurs canadiens en GIS, la Spatial Knowledge and Information Canada (SKI), le 16 février prochain (1).

Les montagnes existent-elles?

Prenez quelque chose d’aussi solide et grandiose qu’une montagne. Cet agrégat de roches, de terre et de végétation s’élève dans le paysage en pics, rondeurs et mamelles. Cet archétype même de la géographie, et point de repère de la population locale, n’aurait pourtant rien d’immuable pour les nouveaux géographes adeptes de philosophie, d’ontologie et de technologie.

Il suffit de consulter une publication de chercheurs de l’Université de Buffalo pour remettre en question notre réalité familière (2). La notion de montagne serait soumise, non plus aux concepts d’élévation ou d’érosion, mais plutôt à notre conception multiple d’environnement (langage, raisonnement spatial, etc.) et surtout à notre capacité de l’exprimer. En termes clairs, ma montagne n’est pas la vôtre.

À partir de son travail auprès des Cris de Wemindji, Cristopher Wellen a conçu une carte géographique de la région renfermant 900 noms traditionnels. « C’est un excellent moyen de disséminer les noms “véritables” auprès de la communauté et des jeunes, mais également de les soumettre aux autorités », relève le chercheur.

C’est aussi un excellent moyen de transmettre la manière dont les Autochtones voient le monde qui les entoure. Une vision, plus riche que celle des Occidentaux, que l’on peut découvrir au sein du récent musée cri de Wemindji.

Pour en savoir plus

1. « First Nations and Spatial Ontologies: An Emerging Research Area” par C. Wellen et R. Sieber, à la conférence SKI

2. « Do Montains exist ? Towards an Ontology of landforms par Barry Smith et David M. Mark du National Center for Geographic Information and Analysis et Center for Cognitive Science de l’université de Buffalo (États-Unis)

“Indigenous Spatial Ontology Application”, par C. Wellen, et Renée Sieber. (2007) à l’American Association of Geographers Annual Conference, San Francisco en avril 2007.

“Renée Sieber : Informing the people and the planet”, McGill Reporter du 22 novembre 2007.

« Computer Models for social Change », le blogue du Pr Renée Sieber et de son équipe.

“Spatial Knowledge and Information Canada” (SKI),la conférence pour les chercheurs en GIS se tiendra du 15 au 17 février prochain à Fernie (BC).

Crédit photo : Gilbert Fontaine © Le Québec en images, CCDMD.

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