Le portrait génétique de l’humanité prend de plus en plus de substance. Deux équipes viennent de compléter l’analyse des populations la plus diversifiée jamais menée. Regard pointu sur ce qui nous rassemble et nous distingue.

À partir d’échantillons recueillis chez 29 populations dans un cas (article paru dans Nature ) et 51 populations dans l’autre (article paru dans Science ), ces deux groupes ont traqué des variations de notre code génétique appelées les SNP (single nucleotide polymorphism).

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Les SNP sont des variations d’une seule paire de base (les plus petits fragments d’un gène), entre individus d’une même espèce : en recensant toutes ces variations, on espère en arriver petit à petit à dresser une carte des variations génétiques au sein de notre espèce. Le projet international dont l’objectif ultime est cette carte s’appelle le Human Genome Diversity Project.

Une première chose se dégage lentement de ce débroussaillage : l’espèce humaine est génétiquement moins diversifiée aujourd’hui qu’à l’époque où elle a quitté l’Afrique (une réduction soudaine de la population qui nous aurait laissé avec un nombre limité de descendants?). Une deuxième chose : il est possible de retracer « l’héritage géographique » d’un individu à travers son ADN —en d’autres termes, les régions par lesquelles ses ancêtres sont passés avant d’arriver là où lui-même habite.

« C’est comme se retourner et regarder la Terre avec un télescope 1000 fois plus puissant qu’avant », déclare, dans les pages de Nature, Richard Myers, de l’Université Stanford —partie de l’équipe qui publie dans Science. « Une bonne partie de nos génomes sont les mêmes partout à travers le monde, et cela donne un argument contre le racisme. »

Semblables, mais légèrement différents. Assez pour résoudre des énigmes historiques, ou en créer d’autres : la recherche publiée dans Science note par exemple une similarité entre les génomes des groupes amérindiens étudiés, et ceux des Yakouts de l’extrême-Est de la Sibérie. Bien qu’on s’en doute un peu, les études du même type menées jusqu’ici n’avaient pas permis d’atteindre ce degré de précision.

Et ce n’est pas fini : fin-janvier, était lancé à Beijing, Cambridge (Angleterre) et Bethesda (Maryland), un autre projet international, le 1000 Genomes Project, visant à recenser, d’ici trois ans, les variations dans les génomes complets d’un millier de personnes. Un projet encore plus ambitieux que les autres, qui pourrait révéler les variations associées à plusieurs maladies que les travaux complétés ces deux dernières années n’ont fait qu’esquisser.

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