Alors qu’on dresse des plans pour envoyer des astronautes sur la Lune en 2020, on en dresse aussi pour leur envoyer de la compagnie : une bactérie! Tellement résistante qu’elle pourrait croître sur la Lune. Et faciliter la tâche des habitants des futures bases lunaires.

Résistante, le mot est faible : une espèce de cyanobactérie serait en effet capable, assurent ses défenseurs, de se satisfaire d’un environnement aussi stérile que la Lune. Pour autant qu’on lui fournisse un peu d’aide, elle extraierait en retour des roches lunaires les ressources minérales qui serviraient ensuite de carburants pour les fusées et d’engrais pour les serres.

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De la science-fiction? Non, de l’économie. Compte tenu des coûts prohibitifs d’un voyage Terre-Lune, une éventuelle base lunaire devra inévitablement produire elle-même un maximum de ressources : nourriture, air, eau, énergie. La Lune peut offrir une partie de ces ressources, mais encore faut-il arriver à les transformer.

Or, des expériences menées par un nommé Igor Brown, du Centre spatial Johnson, affilié à la NASA, auraient démontré que ces cyanobactéries seraient justement capables de vivre dans le sol lunaire, pour autant qu’on leur fournisse un peu d’eau et de lumière.

Ce sont normalement les plantes qui font ce travail : alimentées en eau et en lumière, elles extraient du sol les ressources dont elles ont besoin. Mais aucune plante ne pourrait survivre sur la Lune parce que les ressources en question sont « coincées » dans des roches qu’aucune plante ne peut briser. D’où l’intérêt des bactéries, plus insidieuses et plus patientes. En fait, pour les biologistes, les cyanobactéries ne sont pas tout à fait des bactéries, puisque leur cycle de vie les rapproche des plantes : elles produisent leur propre nourriture par photosynthèse.

Évidemment, ces bactéries devront éventuellement croître sous serre, puisque l’injection d’eau à l'air libre, dans le sol lunaire, ne servirait pas à grand-chose à moins 150 degrés Celsius. Brown, qui présentait récemment ses résultats dans un congrès de planétologues, entrevoit un futur où les sous-produits de ce travail des bactéries résulteront en une « soupe » nutritive, propre à servir d’engrais, en plus du méthane naturellement produit par la décomposition des bactéries, qui servirait de carburant.

Ce n’est pas aussi spectaculaire que 2001, l’odyssée de l’espace, mais c’est peut-être la première étape..

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