Une bizarrerie cosmique: un engin spatial lancé le 9 mars vers la station spatiale n’y arrivera que le 3 avril. Un mois pour franchir 400 kilomètres... mais c’est pourtant le vaisseau spatial de l’avenir, assure-t-on.

L’Agence spatiale européenne décrit en effet son Jules Verne comme le « véhicule spatial le plus perfectionné à ce jour ». Il s’arrimera à la station par lui-même, utilisant un système de guidage par laser, plutôt que d’être guidé par des contrôleurs au sol.

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Engin automatisé, on l’aura compris, le Jules Verne est le premier d’une nouvelle série dite véhicules de transferts automatisés (ATV, en anglais), conçus pour ravitailler la station. Leur rôle deviendra particulièrement important lorsque les navettes spatiales partiront à la retraite, mais en investissant dans ces ATV, l’Europe voit bien au-delà de la station spatiale. La technologie est pensée dans le cadre des futures missions vers la Lune et vers Mars.

« C’est, de loin, l’engin le plus complexe jamais construit en Europe », déclare au New Scientist David Berthelier, informaticien britannique à l’emploi d’EADS Astrium, l’une des firmes qui a contribué à l’engin. Pour des gens comme lui, la réussite de l’arrimage serait la porte ouverte à d’autres contrats, dans un contexte où l’Europe semble justement intéressée à participer à de gros programmes spatiaux. Et par « gros » programmes spatiaux, on ne peut que penser aux futures missions vers la Lune et vers Mars, aussi mal définies soient-elles.

Dans l’immédiat, un système de guidage automatisé signifie que l’exploration spatiale entre... au 21e siècle. Les véhicules automatisés qui ravitaillent actuellement la station spatiale, c’est-à-dire les engins russes Progress, sont pilotés de la même façon depuis des décennies : par un humain, sur Terre. Or, à l’heure des senseurs automatisés, qui provoquent chez le robot une réaction en une fraction de seconde, l’arrimage « à la mitaine » relève d’une autre époque.

Et à propos des délais : en réalité, tous les ATV —au moins quatre devraient être lancés, à raison d’un par 18 mois— ne mettront pas un mois à franchir les 400 kilomètres. Pendant tout le mois de mars, le Jules Verne aura effectué une série de manoeuvres pour, justement, tester l’efficacité de son système de guidage. Ce n’est que lorsqu’il aura reçu le OK des contrôleurs au sol qu’il sera amené à 30 kilomètres de la station pour commencer les procédures d’approche.

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