Le tabac est décidément plus tordu qu’on ne le soupçonnait. Non seulement existerait-il un gène qui contribue au cancer du poumon... mais ce même gène pourrrait être celui qui nous rend dépendant du tabac!

Et pour compliquer encore plus les choses, ce ne sont pas tous les fumeurs qui sont porteurs de cette mutation. Mais « seulement » la moitié des citoyens de descendance européenne, selon trois équipes qui ont traqué cette mutation au cours des dernières années.

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Mais si vous êtes de ceux qui possèdent une des deux variantes de ce gène, attention. Vous seriez 30% plus à risque de développer un cancer du poumon. Si vous avez les deux variantes du gène fautif, le risque est augmenté de 80%. En chiffres absolus, cela donne alors une chance sur quatre de développer un cancer du poumon.

Publiées respectivement dans Nature et Nature Genetics, les trois équipes ne s’entendent toutefois pas sur la séquence précise du risque : pour Kari Steffansson, PDG de la compagnie islandaise deCode Genetics, qui a mené une des trois études —grâce à la méga-base de données génétique islandaise— le gène augmentera très clairement le risque de cancer, parce que vous serez devenu dépendants. Autrement dit, si vous commencez à fumer, vous fumerez beaucoup plus que le reste de la population.

Mais pour Paul Brennan, généticien à l’Agence internationale de recherche sur le cancer de Lyon, France, la dépendance à elle seule ne peut expliquer la hausse des cancers du poumon. « Le gène a un impact sur la dépendance, mais trop modeste pour expliquer la hausse. »

Des études précédentes avaient déjà cerné des gènes jouant possiblement un rôle dans le cancer du poumon. Cette attaque sur deux fronts —le cancer et la dépendance— est étonnante et en laisse quelques-uns plus prudents encore que Paul Brennan : la façon de mettre tout les chercheurs d’accord, suggère la généticienne américaine Laura Bierut, serait d’étudier l’incidence de cancer du poumon chez des gens qui ont cette variante génétique, mais n’ont jamais fumé.

Reste que ce gène donne déjà des idées. En théorie, maintenant qu’on sait où il loge, il serait peut-être possible de concevoir des médicaments ciblant spécifiquement ses protéines. Comme la mise au point de ce traitement peut prendre du temps, autre solution : offrir des traitements pour arrêter de fumer aux porteurs de cette variante génétique. Mais cela supposerait des tests génétiques universels, une idée qui est loin de plaire à tous : qui veut vraiment savoir s’il est porteur d'un gène qui raccourcit son espérance de vie?

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