Un adolescent de 18 ans du New Jersey critique un texte qui, dans son manuel scolaire, met en doute le réchauffement climatique. Des juristes et des scientifiques l’appuient. L’affaire devient nationale. L’éditeur du manuel finit par s’excuser, et promet de « réviser » le livre.

Leçon d’implication politique donnée par un adolescent. Mais aussi, intrusion gênante de la politique dans la salle de cours. Matthew LaClair, de Kearny, New Jersey, s’est attaqué à un gros morceau : le livre American Government, une brique de 600 pages, en science politique, apparemment très distribuée dans les écoles américaines —l’édition dont il est question ici, parue en 2005, était la 10e. Ce qui a permis aux journalistes de découvrir que ce livre est écrit par deux universitaires aux affiliations très conservatrices.

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Il n’y a pas que le réchauffement climatique qui y est traité de manière controversée. Mais c’est cet aspect qui s’est avéré le plus médiatique. « La science, y lit-on, ne sait pas si nous vivons actuellement un niveau de réchauffement planétaire dangereux, ou à quel point l’effet de serre est néfaste, si tant est qu’il existe. » Mais il n’y a pas à s’inquiéter, si ça existe, les inconvénients seront contrebalancés par les avantages : « d’un côté, une planète plus chaude entraînera une hausse du niveau des mers, menaçant des communautés côtières; de l’autre côté, de plus grandes chaleurs permettront de faire pousser des plantes plus facilement et pour moins cher, et éviteront de grosses factures de chauffage. » Ouf, nous voilà rassurés.

Matthew LaClair avait lancé ce processus en écrivant au Center for Inquiry, un groupe de pression à but non lucratif voué à « la défense de la pensée rationnelle ». Celui-ci a publié le 6 avril un rapport indigné. Parallèlement, deux scientifiques, James Hansen de la NASA et Michael MacCracken, un des contributeurs du GIEC (Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques) ont protesté en mars auprès de l’éditeur, Houghton Mifflin qui, fin-avril, a finalement réagi, en soulignant que la partie sur le réchauffement ne représente que quelques pages sur les 600 : « c’est un manuel scolaire sur le gouvernement, pas un livre de science ».

N’empêche que le jupon conservateur des auteurs, James Wilson et John Dilulio, dépasse ici et là (sur la prière à l’école, par exemple), comme une réminiscence de toutes ces occasions où les plus virulents opposants à la « théorie » du réchauffement sont également, par ailleurs, des défenseurs des idées politiques et économiques les plus à droite.

Dans son édition plus récente, la 11e, la phrase citée plus haut, « la science ne sait pas si nous vivons actuellement un niveau de réchauffement planétaire dangereux, ou à quel point l’effet de serre est néfaste, si tant est qu’il existe » a été modifiée, se défend l’éditeur. On peut lire désormais : « la science ne sait pas à quel point l’effet de serre est néfaste ».

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