À l’heure où l’on parle de crise forestière, de fermeture de scieries et de papeteries et de rareté de la ressource ligneuse, des quantités phénoménales de billots de bois, résultant de la drave, reposent calmement dans le fond de nos rivières et de nos lacs. Ce bois presque intact possède une valeur commerciale indéniable et a l’avantage de se trouver près des usines de transformation. André Doyer, biologiste et président de la Compagnie des bois oubliés, s’intéresse à cette ressource depuis 2003. L’automne dernier, il a d’ailleurs amorcé un projet-pilote pour récupérer le bois de la rivière Métis, dans le Bas-du-Fleuve.

C’est en travaillant comme consultant pour Hydro-Québec qu’André Doyer a découvert tout le potentiel dormant dans le fond de nos plans d’eau. « Mon mandat consistait à trouver des frayères à touladis dans un lac de très grande superficie sur la Côte-Nord. J’ai alors constaté que le lac était rempli de billots provenant de la drave, du fond jusqu’à deux mètres de la surface. »

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Pour récupérer les billots, le biologiste a développé une méthode dont certaines techniques sont en instance de brevet. Le procédé s’inspire des technologies de pêche commerciale. À l’aide d’un bateau, « nous observons d’abord où sont disposés les billots [opération complexe due à la grande turbidité de l’eau] et nous les récupérons en évitant de trop remuer les sédiments présents dans le fond des plans d’eau. »

L’entrepreneur récupère toutes sortes d’essences (résineux et feuillus). Il confie ensuite son bois à une petite scierie dans la région de Rimouski pour la transformation. Le bois ainsi coupé, qui présente une densité plus grande grâce à son immersion dans l’eau que le bois courant, ne se retrouve cependant pas encore sur le marché, car les quantités sont encore trop faibles. Toutefois, selon Monsieur Doyer, le volume de bois présent au fond des cours d’eau et lacs est impressionnant. Par exemple, entre 10 et 15 % des billots qui étaient expédiés par la rivière Métis lors de la drave ne se rendait pas à destination. Cela donne une petite idée de ce qu’on pourra trouver dans le fond des autres plans d’eau du Québec. Et, si cette récupération s’avérait un jour significative, elle présenterait également de nombreux avantages écologiques: augmentation de la superficie des habitats benthiques, accroissement de la productivité des cours d’eau, diminution de la pression sur la forêt publique.

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