Le végétarisme est peut-être une des solutions pour sauver la planète. Mais on n’arrivera pas de sitôt à en convaincre ceux qui salivent à l’idée d’un gros morceau de boeuf bien saignant : parce que le rapport à la nourriture est quelque chose de trop émotif pour être modifié par des arguments froidement rationnels.

C’est la seule conclusion sur laquelle tout le monde a semblé s’entendre, au terme d’un Bar des sciences sur le végétarisme présenté au Cégep de Saint-Laurent la semaine dernière. Pour le reste, même les positions mitoyennes ont laissé froids une partie des cégépiens — comme celle voulant que le végétarisme ne soit pas « la » solution, mais « une » des solutions. Ce sont plutôt les positions « pro-viande » qui ont provoqué le plus d’applaudissements, comme lorsqu’un étudiant est venu proclamer au micro qu’il continuerait d’adorer son barbecue et ne voyait pas en quoi la planète s’en porterait plus mal.

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Au cours de la première heure, les arguments n’avaient pourtant pas manqué : un kilo de viande nécessiterait 13 kilos de produits de la terre, a estimé la diététiste-nutritionniste Anne-Marie Roy, en plus de monopoliser les trois quarts des terres agricoles du Québec. Et voilà que les Chinois veulent à leur tour suivre ce modèle, s’est inquiété Éric Darier, de Greenpeace.

Soyons réalistes, a avancé la journaliste Ariane Krol, de La Presse, en se risquant prudemment à jouer à l’avocat du diable : on ne changera pas les habitudes de la population du jour au lendemain. « Réduire notre consommation de viande, oui, mais pas l’abolir. »

Étonnamment nombreuses furent les interventions à base d’une rumeur ou d’un vague souvenir. « J’ai entendu dire que » ou « J’ai lu quelque part » prenaient ainsi valeur d’arguments scientifiques solides, autant pour défendre les avantages pour la santé d’une alimentation végétarienne que la valeur vitaminique d’un kilo de viande.

Mais si le végétarisme n’est qu’une solution parmi d’autres (il faudra tôt ou tard réduire la circulation automobile, abandonner l’eau embouteillée, etc.), par quoi commencer? Faut-il se fixer des objectifs chiffrés, comme le FAO (Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation), qui propose une réduction de moitié de notre consommation de viande? Ou bien commencer par revoir notre « modèle agrochimique », c’est-à-dire réduire considérablement l’usage des pesticides, comme le réclame Greenpeace?

Faut-il mieux sensibiliser les gens au fait que les protéines dont ils ont besoin ne se trouvent pas uniquement dans la viande? Mais que dire de ceux qui, à l’inverse, affichent avec fierté ne nourrir leurs jeunes enfants qu’avec une alimentation 100 % végétalienne (aucun produit animal, comme le lait ou les oeufs)?

Les éleveurs québécois de boeufs ou de poulets peuvent dormir tranquilles : pour l’instant, leur avenir n’est pas menacé...

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