Ce n’est un secret pour personne, la science n’est pas la matière forte de l’univers musulman. Et nombreux sont ceux qui y voient un lien avec la difficulté de plusieurs à sortir de leur état de pays en voie de développement. Mais un timide changement s’amorce.

Au sein de l’Organisation de la conférence islamique, qui regroupe 57 pays, le Comité de la science et de la technologie a annoncé le mois dernier que seuls les pays qui versent des fonds spécifiquement à ce comité, appelé COMSTECH, pourront désormais y siéger. Le paiement devra être en proportion du produit national brut (PNB). Et le comité utilisera ces nouveaux fonds pour lancer des programmes, destinés à ses membres seulement, dans des secteurs tels que les biotechnologies, la pharmacologie et la politique scientifique.

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Jusqu’ici, tout le monde pouvait siéger au comité, mais celui-ci n’avait reçu, l’an dernier, que 2,59 millions$ de 13 pays —le plus gros de cette somme provenant du Pakistan. Et l’essentiel avait servi à soutenir des bibliothèques. Comme le rappelle dans Nature le président du comité —et ministre de l’éducation supérieure du Pakistan— « la plupart des pays musulmans n’ont pas de politiques scientifiques nationales... Le COMSTECH les y aidera. »

La marche est haute : le COMSTECH a profité de cette réunion pour publier un premier bottin des « Scientifiques et ingénieurs de pointe » dans les pays membres. Le document identifie 381 personnes, dont 81 de la Turquie, 62 du Pakistan et 55 de l’Iran. La plupart ont publié plusieurs articles dans des revues internationales.

« Nous n’avons d’autre choix que d’acquérir des technologies de pointe et ainsi d’ouvrir la voie à une économie plus dynamique, à savoir l’économie de la connaissance », écrit dans un communiqué le secrétaire général de l’Organisation de la conférence islamique, Ekmeleddin Ihsanoglu —qui est lui-même détenteur d’un doctorat à l’Université d’Ankara, en Turquie et d’un post-doctorat décroché au Royaume-Uni.

Signe des temps, en Arabie Saoudite, la future Université Roi Abdallah de science et de technologie (qui doit ouvrir en septembre 2009), a lancé un programme ambitieux de 10 milliards$ visant à promouvoir les partenariats universités-entreprises, mais sans aller jusqu’à faire venir les entreprises étrangères chez elles : les scientifiques resteraient dans leur pays d'origine mais partageraient leur expertise et leurs contacts avec l’institution saoudienne —leur seule obligation serait de venir y passer au moins trois semaines par an— pour l’aider à lancer ses propres programmes de recherche.

Déjà 12 chercheurs étrangers, rapportait récemment Science , auraient reçu 10 millions$ chacun, sur cinq ans, pour du travail qu’ils peuvent donc continuer de faire dans leurs institutions d’origine. Une façon pour l’Université séoudienne de s’ouvrir un peu sur le monde, mais prudemment...

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