Le 25 mai si tout va bien, les Terriens auront une autre chance de partir à la chasse à l’eau extra-terrestre. La sonde américaine Phoenix se posera aux limites de la calotte polaire martienne, ou de ce qu’il en reste.

Bien sûr, s’il y a un endroit sur Mars où on a davantage de chances de trouver de l’eau, c’est là, au milieu de cette glace qui n’est pas nécessairement de la glace d’eau, mais qui pourrait en contenir. Si les engins précédents n’ont pas visé le « grand Nord », c’est pour de bêtes raisons de télécommunications : il est beaucoup plus difficile de garder le contact avec un engin situé aux « limites » de la planète qu’à l’équateur. Sauf qu’à présent, il y a un atout : une autre sonde américaine, Mars Reconnaissance Orbiter, en orbite depuis 2006, servira de relais radio.

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Les missions précédentes, Spirit et Opportunity, ont établi qu’il y a déjà eu de l’eau sur Mars, dans un passé très lointain. Une sonde européenne, Mars Express, et des observations d’astronomes, ont affirmé qu’il en subsisterait, aujourd’hui encore, sous forme de glace. Phoenix pourra peut-être le confirmer : après un voyage de 10 mois, elle déploiera un bras capable de creuser jusqu’à un mètre.

Et bien sûr, s’il y a de l’eau, et si celle-ci a été à l’état liquide il n’y a pas si longtemps —« à peine » quelques milliers d’années, disent les plus optimistes!— qui sait, pour la vie...

Ce dernier point, crucial aux yeux du public, mettra en tout cas à l’épreuve la patience des chimistes. Bien que personne ne s’attende à voir une colonie d’algues bleues grouiller sous l’eau de la caméra, les chimistes traqueront le soufre avec espoir : dans un environnement où l’eau liquide était rarissime, c’est cet élément chimique qui aurait pu figurer en haut de la liste des sources d’énergie utilisées par d’hypothétiques bactéries. Des échantillons de sol et de glace seront placés dans un four miniature où un spectromètre de masse s’emploiera à traquer toute molécule complexe « suspecte ».

Ces instruments auront épuisé leur espérance de vie vers le mois d’août, après quoi la sonde continuera d’agir comme station météorologique —contribution de l’Agence spatiale canadienne— avant que les grands froids ne l’achèvent.

Avant d’en arriver là toutefois, « l’amarsissage » reste une inconnue. En dépit des succès des missions Viking (1976), Pathfinder (1997) et Spirit-Opportunity (2004), la moyenne des arrivées réussies sur le sol martien reste assez basse, quand on considère l’ensemble des missions depuis 40 ans. Phoenix lui-même hérite des objectifs d’une mission manquée, en 2000.

Le compte à rebours est commencé. Les scientifiques auront une dernière chance, le 24 mai, pour faire une modification de trajectoire, après quoi ils devront faire confiance à leur technologie... et aux aléas martiens.

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