Les groupes humanitaires peuvent toujours rêver. Après avoir balayé maisons, voitures et tué des dizaines de milliers de personnes, un cyclone comme celui qui a dévasté la Birmanie, peut-il aussi jeter par terre un gouvernement? Jusqu’ici, les probabilités ne sont pas très élevées.

Quelques observateurs ont cité ces derniers jours Kerry Emanuel. Dans son ouvrage Divine Wind, ce météorologue du MIT rappelle le cyclone Bhola qui, en 1970, fut le cyclone le plus mortel de l’histoire connue : de 300 à 500 000 morts dans ce qui s’appelait alors le Pakistan-Est.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

L’incompétence ou l’indolence du gouvernement pakistanais face à sa région orientale plus pauvre, la mobilisation de la communauté internationale et des médias, s'étaient alors combinés à la catastrophe pour donner au mouvement indépendantiste, déjà assez fort, l’élan qui lui manquait. Le Pakistan-Est est devenu le Bangladesh, un pays indépendant —encore qu’il a fallu passer par une guerre civile.

Difficile d’établir un pareil parallèle avec la Birmanie, où non seulement l'opposition, mais même l’aide humanitaire est étouffée. N’empêche que la catastrophe frappe par son ampleur. Les chiffres officiels font état de 22 000 morts, les groupes humanitaires s’avancent jusqu’à 100 000 morts, ce qui l’approcherait d’un autre apocalyptique cyclone de 1991, qui avait tué 132 000 personnes au Bangladesh. En fait, cela le placerait dans la liste des 10 cyclones les plus meurtriers des cinq derniers siècles!

L’Amérique centrale a elle aussi été frappée par des cyclones de catégorie 5 l’an dernier : Dean et Felix. Le total des morts s’est élevé à 162, parce que le Mexique, le Nicaragua et le Honduras ont lancé l’alerte des heures à l’avance et, dans certains cas, procédé à des évacuations de zones vulnérables. A sa décharge, la Birmanie n’est frappée par un tel cyclone qu’une fois par 40 ans. Et elle n’a pas la moindre infrastructure technique lui permettant de suivre à la trace les tempêtes tropicales lorsqu’elles se forment ou s’approchent...

Je donne