Les sciences et les mathématiques mènent à tout : même au meurtre ou au suicide. Dans « Morts pour la science », le scientifique et vulgarisateur Pierre Zweiacker nous raconte, à la manière d’un roman, les déboires mortels de scientifiques aux prises avec l’histoire et la politique, leurs ennemis ou eux-mêmes.

Connaissez-vous Hypathie d’Alexandrie? La fille de Théon, le directeur de l’université de l’antique métropole et directeur de sa célèbre bibliothèque, était la seule mathématicienne de l’Antiquité. Géométrie, algèbre, astronomie, rien n’arrêtait son intelligence. Pourtant, cet esprit brillant, qui dirigeait aussi une école de philosophie, sera assassiné en 415 – onze versions différentes du récit le soutiennent. Ce crime aurait été commandité par une autorité ecclésiastique pour qui une femme ne devait pas se mêler de sciences.

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Celui qui se suicide dans son cachot humide et sombre se nomme Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet. Ce mathématicien du 18e siècle, auteur à 22 ans du Calcul intégral, rêve de modéliser les phénomènes sociaux, économiques et politiques par des équations. Victime de la Révolution française, il sera emprisonné comme « ennemi de la démocratie ». Incarcéré à la prison de Bourg-la-Reine, le 27 mars 1794, le mathématicien préférera le poison à la guillotine.

Le physicien Pierre Zweiacker est également l’auteur de « Fluide vital » (même éditeur, même collection), un ouvrage lumineux sur la recherche scientifique sur les phénomènes électriques. Le responsable du laboratoire de haute tension de l’École polytechnique fédérale de Lausanne et spécialiste de la foudre y retraçait déjà la petite histoire derrière la science, empreinte d’humour et d’anecdotes.

Avec ce récent ouvrage, le scientifique dépeint avec beaucoup d’entrain, en 245 pages, les morts peu accidentelles et naturelles de scientifiques, plus ou moins célèbres. Peut-on se suicider pour une équation mal résolue ou tuer pour une formule chimique? La réponse est oui.

« Morts pour la science », par Pierre Zweiacker, collection Focus science, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2008.

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