L’Agence Science-Presse a publié le 21 novembre 1978, il y aura donc 30 ans cet automne, le tout premier numéro de son bulletin, Hebdo-Science. Voici un autre des 30 articles que nous vous offrirons d’ici au 21 novembre 2008, passant en revue certains bons coups... et certaines choses qui ont beaucoup vieilli!

L’ordinateur au foyer : consommateurs déçus et fabricants qui rajustent le tir

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En 1984 au Canada, la vente de micro-ordinateurs a diminué de 12% par rapport à l’année précédente. Même que le géant IBM vient d’arrêter la production de son PC junior, à cause de ventes trop faibles. Hier très optimistes, les fabricants de micro-ordinateurs doivent aujourd’hui rajuster leur tir.

Un foyer canadien sur 15 possède un micro-ordinateur. Le chiffre serait moins élevé au Québec en raison du manque de produits francisés. On est loin du 80% prévu par le Conseil des sciences pour 1990.

Pourquoi les consommateurs boudent-ils l’informatique? « On a vendu des micro-ordinateurs en disant aux gens : vous pourrez l’utiliser pour votre budget familial et réaliser des économies. Additionnez le coût du micro et les heures passées à faire des entrées de données pour réaliser en quelques secondes que vous êtes dans le rouge, c’est aberrant! », s’exclame François Picard, directeur de la banque de données Infopuq.

La stratégie publicitaire axée sur le bas prix du micro en a séduit plusieurs. « Les gens ont acheté des appareils et se sont demandé après ce qu’ils allaient en faire », déplore un fonctionnaire du ministère des Communications. Résultat? Déception, déboursés supplémentaires pour l’achat de logiciels et de périphériques, ou sous-utilisation des capacités du micro. Beaucoup ont pris le chemin du placard, d’autres servent uniquement pour les jeux vidéo.

Un micro, pour quoi faire?

Pour Yves Leclerc, chroniqueur à La Presse Plus, « jeux, apprentissage de l’informatique et traitement de texte sont les trois usages actuels de l’ordinateur domestique ».

Une étude américaine démontre que le manque d’applications vraiment utiles au foyer serait à l’origine de la faible pénétration des micro-ordinateurs. À ce niveau, Leclerc identifie trois types de besoins exprimés par les consommateurs : éducation à domicile, communications interactives et outils de gestion du quotidien (chiffrier, traitement de texte). « C’est par la fonction plutôt que par le prix qu’on vendra dans l’avenir des micro-ordinateurs personnels. »

Le téléphone à la rescousse

« Les gens réalisent que leur ordinateur devient extrêmement puissant lorsqu’ils peuvent le relier au réseau téléphonique par un modem », explique François Picard. Le modem permet d’entrer en contact avec d’autres ordinateurs (usagers ou banques de données).

La communication interactive présente plusieurs avantages : possibilité de rejoindre de nombreux interlocuteurs, réponse rapide, etc.

Une banque à domicile

Le micro-ordinateur permet la consultation de banques de données. Le consommateur québécois a accès aux banques américaines et à Infopuq, qui contient de l’information de type encyclopédique. « Mais, déplore Claude Schneegans, de l’École des Hautes études commerciales, aucune ne contient actuellement des informations de type TV-Hebdo, pages jaunes ou spéciaux de la semaine chez Steinberg. »

Le système actuel des banques de données repose sur un ordinateur central. Plus les usagers sont nombreux, plus le système central doit être puissant. Selon Claude Schneegans, ce type de fonctionnement est difficilement applicable à une utilisation de masse. Aussi, lui et Claude Chriqui se sont penchés sur u nouveau concept. « L’idée consiste à faire résider la banque de données dans le micro de l’usager. » Le système central est ainsi libéré du fardeau de la consultation en direct. Le temps de connection avec l’usager est réduit au temps nécessaire à la mise à jour, d’où la possibilité d’abonnés beaucoup plus nombreux.

Un tel système exigera cependant une augmentation de la capacité de stockage des micro-ordinateurs domestiques.

Le travail chez soi

Avec l’entrée, même timide, du micro-ordinateur au foyer, une nouvelle théorie a vu le jour; celle du « travail à domicile informatisé et rémunéré » (TDIR), où le travailleur, relié à l’ordinateur central de l’entreprise, évite l’exil quotidien vers le centre-ville.

« Nous avons relevé quelques expériences, raconte Charles Halary, auteur de Ordinateurs, travail et domicile (Éditions Saint-Martin, 1984). Chez American Express, Control Data, IBM par exemple. Mais elles touchent rarement plus de 10 personnes. »

Même chose au Québec. Quelques expériences ça et là; des cas individuels. « Ce sont principalement des femmes qui, pour des raisons familiales, demandent à travailler chez elles. Si elles s’occupent d’un dossier important ou sont particulièrement compétentes, l’employeur acceptera plutôt que de les perdre. »

Pour Charles Halary, cette pratique restera une formule très marginale, utilisée surtout par les cadres et les professionnels de façon occasionnelle ou à temps partiel. « Les dossiers urgents sont souvent amenés à la maison et complétés en soirée. La disquette ne fait que remplacer le porte-document. »

par Pascale Bréniel, Hebdo-Science, 16 avril 1985

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