La pollution sonore est dans la ligne de mire des responsables européens mais la tâche est énorme : cela obligerait les villes à revoir leurs infrastructures et à limiter la circulation automobile. Des mesures pas forcément populaires et qui, surtout, coûteraient des milliards d'euros.

Tout aussi néfaste pour la santé que la pollution atmosphérique, le bruit chronique des grandes villes européennes serait la cause principale des problèmes de sommeil et de certains cas d'arrêts cardiaques.

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Pour y faire face, l'Union européenne a adopté en juillet 2002, la directive 2002/49/CE relative à l'évaluation du bruit dans l'environnement ambiant qui impose un cadre commun aux états membres pour la lutte contre les nuisances sonores des routes, des aéroports et des industries. Deux des principaux objectifs étaient l'établissement, avant juin 2007, de cartes géographiques des degrés d’exposition aux bruits et, sur la base de ces cartes, l'adoption de plans d'action : pour prévenir et réduire le bruit dans l'environnement ainsi que pour préserver des zones calmes.

Or, il s’avère que les cartes en question, pour les villes européennes de plus de 250 000 habitants ne sont pas fiables étant donné l'état très changeant de l'infrastructure urbaine et de la circulation automobile. De plus, le principal obstacle à tout programme de prévention et de réduction du bruit est que le bruit est, entre autres choses, un phénomène psychologique qui ne peut pas être uniquement mesuré en décibels, comme l'explique dans une édition récente de la revue Science Brigitte Schulte-Fortkamp, acousticienne environnementale à l’université technique de Berlin.

Autrement dit, chaque individu tolère différemment le bruit. Un bruit de fond avec des oiseaux et de l'eau qui coule peut détendre une personne et causer du stress à une autre.

Réunis en congrès à Paris à la mi-juillet, les collègues de Mme Schulte-Fortkamp ont admis que pas plus eux que les politiciens n’étaient prêts à dévoiler un plan d’action pour combattre le bruit des grandes villes.

La date limite, fixée en juin 2007, pour les plans des villes n'a été respectée que par certains pays et très peu ont soumis un plan d'action contre le bruit. La Suède a proposé de rendre moins bruyante la circulation en utilisant de l'asphalte contenant des grains en caoutchouc qui étoufferait le bruit. Un chercheur français a aussi proposé de mieux isoler les habitations des sons à hautes fréquences grâce à une « mousse intelligente » installée dans les murs des maisons et les barrières des routes.

Mais pour l’instant, les habitants des villes doivent vivre avec le bruit... ou s’acheter des bouchons pour les oreilles.

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