La plastination, ça vous rappelle quelque chose? Présentée pour la première fois à Tokyo en 1995, l’exposition Body Worlds, qui offre au public une leçon d’anatomie à partir de vrais cadavres humains, était de passage au Centre des sciences de Montréal l’an dernier, et elle fait aujourd’hui son entrée en France, à Lyon. Et non sans peine!

L’exposition avait d’abord reçu un avis défavorable du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qui mettait en avant des contradictions avec la loi française, notamment quant aux aspects de commercialisation des corps et du consentement antérieur des sujets. Puis, elle a été refusée par le Musée de l'Homme et la Cité des sciences à Paris qui ont suivi les recommandations du CCNE.

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À croire que les Français trouvent l’idée moins séduisante et moins sexy que leurs cousins québécois. Alors que le milieu scientifique, le monde culturel et les enseignants s’interrogent sur le but exact de cette exposition — artistique, scientifique ou autre? —, elle est finalement reprise par Pascal Bernardin, un producteur de spectacles exceptionnels tels que ceux de Michael Jackson ou The Rolling Stones au Parc des Princes de Paris. Son objectif avec cette exposition : « provoquer des émotions »... « sans chercher à faire du sensationnel ». Depuis, elle soulève de nombreux débats et a fait l'objet d'une pétition émanant d’un directeur de recherche du CNRS. Les critiques fusent dans la presse : « une atteinte à la dignité humaine », « un lucratif trafic de cadavres spectacularisé ».

Hervé Laurent, conseiller médical de l'exposition française, était quant à lui « tombé en admiration devant le projet ». La curiosité l’emporte, et passant outre les recommandations du CCNE, une quinzaine de corps plastinés sont aujourd’hui exposés à Lyon. La collection a cependant été épurée par rapport à celle de Montréal qui contenait une vingtaine de corps entiers. La série de foetus à différents stades de développement et le corps de la jeune femme enceinte ont notamment été censurés. M. Laurent explique à la presse française qu’« ils ne rentraient pas dans notre démarche à la fois de sensibilisation, de prévention et artistique ».

Les Français seraient-ils plus sensibles que leurs cousins québécois? Et que leurs voisins européens? C’est en effet à Berlin en Allemagne, pour la promotion de Body Worlds, que l’inventeur du procédé Gunther von Hagens avait exposé dans un autobus le corps plastiné de cette femme, pour qu’on y voie le foetus qu’elle portait lors de son décès.

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