La belle histoire avait commencé par un spécialiste du sang regardant innocemment, dans un microscope, un os de dinosaure. Et déclarant, étonné : « saviez-vous que ce sont des globules rouges, qu’on voit là? » Cette remarque allait lancer une poignée de chercheurs sur une piste fascinante qui, des années plus tard, vient toutefois de frapper un premier mur : peut-être était-ce trop beau pour être vrai...

Les « vaisseaus sanguins de 68 millions d’années, presque intacts », annoncés en grandes pompes en 2005 étaient en fait des restes laissés derrière par des bactéries, affirme Thomas Kaye, du Musée Burke d’histoire naturelle à Seattle. Son équipe a observé au microscope électronique l’intérieur d’os du même âge : ils ont rapidement trouvé ce qu’ils espéraient trouver, soit des cellules en forme de ballons (les globules?), à l’intérieur de tubes (les vaisseaux sanguins?). Mais ils ont déchanté lorsqu’ils se sont aperçus qu’ils les trouvaient un peu partout : même dans des os très abîmés.

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D’où leur hypothèse, exposée dans la revue PLOS One : ce ne sont pas des vaisseaux sanguins mais des biofilms de bactéries, c’est-à-dire une de ces structures composées d’une colonie de bactéries et adhérant à une surface (dans ce cas-ci, l’os). Et ces biofilms auraient été laissés par des bactéries ayant envahi l’os beaucoup, beaucoup plus tard.

Réaction de Mary Schweitzer, de l’Université d’État de Caroline du Nord, auteure principale de la « découverte » de 2005 : « il n’y a vraiment rien de neuf là ». Elle souligne que l’hypothèse d’une contamination ultérieure avait bien sûr été prise en considération en 2005 et que l’équipe de Thomas Kaye n’explique pas comment des protéines d’un biofilm de bactéries peuvent être semblables à des protéines d’oiseaux ou d’éléphants.

Reste que, même affaiblie, sa recherche fascine encore biologistes et « paléobiologistes » qui, en 2005, avaient été presque unanimement sceptiques, mais presque unanimement admiratifs devant le soin mis par Mary Schweitzer à présenter des faits inédits. Car fondée ou non, sa recherche ouvre d’immenses perspectives : celles d’enfin mettre de la chair sur des os de dizaines de millions d’années.

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