Il aura suffi d’un forage maladroit pour faire surgir des milliards de tonnes de boue —une éruption qui se poursuit sans interruption depuis maintenant deux ans et demi. Une des plus étranges catastrophes naturelles.

Depuis le 29 mai 2006, jour où ce « volcan de boue » appelé Lusi a commencé à cracher en Indonésie, entraînant l’évacuation de deux villages et en menaçant 10 autres, les géologues débattent de la cause : phénomène naturel ou responsabilité humaine?

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C’est que l’événement n’est pas anodin : Lusi crache des millions de litres de boue par jour; c’est l’équivalent de 53 piscines olympiques par jour! Des dizaines de milliers d’agriculteurs de l’île de Java, évacués ou face à des champs noyés sous la boue toxique, réclament compensation. Tous les efforts des scientifiques et des ingénieurs pour « colmater » cette brèche ont échoué. Le volcan, apprenait-on en mai dernier, commencerait même à s’écraser sous son propre poids, prélude à la formation d’un cratère.

Le débat est revenu sur le tapis jeudi dernier, 30 octobre, dans le cadre d’un congrès international des géologues du pétrole tenu en Afrique du Sud. La plupart des géologues s’entendent à présent pour identifier un puits creusé le 28 mai 2006 par la compagnie d’énergie Lapiondo Brantas —la veille du début de l’éruption. De nouvelles données, pour la première fois rendues publiques, en apprennent en effet davantage aux experts sur la pression exercée par ce puits pendant les 24 heures fatidiques.

La compagnie toutefois, qui avait longtemps refusé de rendre publiques ces données, continue d’affirmer, avec l’appui d’une poignée (rétrécissante) de géologues, que le volcan était sur le point d’entrer en éruption et que l’élément-déclencheur fut un tremblement de terre survenu deux jours plus tôt (l'épicentre était à 280 km de là). Seulement trois des 74 géologues présents à ce congrès appuient cette hypothèse (quoique 16 autres jugent encore les données insuffisantes pour se prononcer), ce qui donne espoir aux agriculteurs d’être un jour compensés pour leurs pertes. La compagnie pourrait devoir régler une facture de 500 millions$.

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