Une des façons de réduire les inégalités en matière de santé passerait par l’éducation du public, estiment plusieurs spécialistes réunis à Québec lors des 12es Journées annuelles de santé publique.

Le niveau de revenu, le statut social, l’éducation, le développement de la petite enfance, de la culture et du patrimoine biologique et génétique font partie des déterminants sociaux de la santé (DSS). En connaissant ces éléments qui permettent de comparer la santé des individus, la population est à même de comprendre et d’évaluer les actions prises par les associations ou les gouvernements pour minimiser les effets de ces caractéristiques sur la santé, croit Sylvie Stachenko de l’Agence de la santé publique du Canada.

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Son collègue, Luc Berghmans, de l’Observatoire de la Santé du Hainaut en Belgique soutient, pour sa part, qu’il est nécessaire de développer un dialogue entre les intervenants en santé et le public. « Il faut travailler ensemble pour que les messages passent et soient compris de tous. Un message trop didactique devrait être évité ». C’est pourquoi « il faut travailler avec les médias pour faire comprendre les grands enjeux de santé », précise Mme Stachenko.

Évolution des inégalités sociales de santé

En tenant compte des DSS, on comprend que les inégalités socio-économiques ont une influence sur la santé des individus. D’ailleurs, comme l’a expliqué Louise Potvin, directrice scientifique du Centre de recherche Léa-Roback sur les inégalités sociales de santé de Montréal, « la santé est liée au milieu de vie dans lequel on évolue. L’environnement dans lequel on vit est en fait un réservoir de ressources qui permettent de vivre en bonne santé. La quantité et la qualité des ressources présentes sont en partie fonction des pratiques des individus. »

L’accès et la disponibilité des ressources influencent aussi les inégalités en matière de santé. Par exemple, celui qui ne possède pas de voiture et qui demeure à proximité d’un dépanneur de quartier aura plus de difficulté à trouver chaque jour des fruits et des légumes frais à manger qu’un autre qui a une voiture ou qui habite près d’un supermarché. Celle qui habite près d’une usine qui crache des tonnes de polluants dans l’air aura certainement une moins bonne santé que celle qui habite près d’un grand parc ou d’un petit boisé… La preuve que la géographie influence les inégalités en santé : 26 % des enfants de l’est de l’île de Montréal souffrent d’asthme alors que seulement 6 % sont aux prises avec la même affection dans d’autres quartiers de l’île. Cette différence dans la dispersion et la distribution des ressources explique que tous n’ont pas toutes les mêmes conditions de vie, que tous ne sont pas égaux devant la santé.

En effet, on remarque une variation des inégalités sociales entre les individus. « Présent seulement dans certaines couches de la population dans le passé, ce gradient des inégalités existe maintenant dans toutes les couches de la société », précise M. Berghmans. C’est pourquoi Marie-France Raynault, également du Centre de recherche Léa-Roback, propose « d’intégrer les luttes contre les inégalités dans tous les secteurs. » Elle mentionne aussi l’importance des interventions sur l’aménagement urbain pour améliorer la qualité de vie du plus grand nombre.

La mondialisation et les inégalités en santé

Ronald Labonté, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la mondialisation contemporaine et l'égalité en matière de santé à l’Institut de recherche sur la santé des populations, s’est demandé comment la mondialisation influençait les inégalités en matière de santé à l’intérieur d’un même pays et à l’international.

Ses conclusions préliminaires ne sont pas très optimistes. « L’intégration du marché mondial diminue les inégalités économiques entre les individus, mais augmente l’écart des revenus entre les pays », souligne-t-il. Les riches sont donc encore plus riches et les pauvres, encore plus pauvres. Cette situation va à l’encontre des propositions de révision de la distribution des richesses sur la planète formulées entre autres par l’OMS. Il affirme aussi que la mondialisation n’améliorera pas, dans un temps raisonnable, l’équité au niveau de la santé des populations.

Cependant, selon lui, la libéralisation du commerce peut être bénéfique à travers ses effets sur la croissance économique à condition que des politiques de soutien soient mises en place. Toute une commande pour éviter que ne s’aggravent encore plus les inégalités!

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