À quoi ressemblera l'Agence Science-Presse dans 30 ans? Voici un petit exercice de spéculation, évidemment sans prétention scientifique.

J'ai été étonné de constater à quel point les médias locaux et régionaux constituaient un marché important pour l'Agence il y a une vingtaine d'années. Aujourd'hui, ces médias sont en déclin. Dans 20 ans, ils auront vraisemblablement fusionné avec le Public-sac. Et ensuite, le premier gouvernement Vert du Québec forcera Publi-sac à abandonner l'impression sur papier.

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Les médias généralistes, les journaux quotidiens par exemple, seront complètement marginalisés par l'information gratuite sur Internet et une multitude de plate-formes. Dans 30 ans, selon toute vraisemblance, l'information brute, la nouvelle non pas quotidienne mais au moment même où se déroule un événement, sera présente sur les ordinateurs de poche, les cellulaires et d'autres outils mobiles dont on ne soupçonne pas encore l'existence. Ce sera une sorte de flux continu d'information, que les gens auront pris l'habitude d'échanger entre eux. On se rappellera qu'en 2008, déjà, Facebook était plus visité au Québec que l'ensemble des sites de Radio-Canada/CBC. Dans cette avalanche d'information en temps réel, gratuite, très fragmentée et souvent superficielle, il y aura de la place pour la nouvelle scientifique très vulgarisée, accessible à tous.

Dans ce flux d'information en continu, pour ne pas dire ce monstre incontrôlable, il y aura énormément d'opinions, de bla-bla inutile, de potins, de rumeurs, de canulars, de blagues, de fausses nouvelles. Le public n'aura pas le temps de démêler le vrai du faux. Il aura besoin de s'attacher à des institutions fiables, des médias et des agences de presse à la réputation béton. L'Agence Science-Presse, entre autres.

Dans 30 ans, la concentration de la propriété de la presse privée québécoise aura atteint un sommet: presque tous les médias appartiendront à Quebecor, qui aura fusionné avec Transcontinental, Gesca, Rogers Media, et aussi avec le Mouvement Desjardins, Bombardier, l'Union des Producteurs Agricoles, Cascades et Réno-Dépôt. L'Agence-Science Presse aura eu la bonne idée de préserver son indépendance, ce qui aura préservé son intégrité et sa crédibilité. Des gens à la recherche d'une information beaucoup plus spécialisée seront prêts à payer 15, 20 ou 30 $ l'exemplaire pour des magazines au marché de plus en plus segmenté, pointu.

Ce flux démentiel d'information ultra-concentrée, fragmentaire et superficielle sur toutes les plateformes (le Machin? le Blob?), et à-la-seconde-près, finira par redonner ses lettres de noblesse au journalisme d'enquête. Dans 30 ans, l'Agence Science-Presse aura développé un département de journalisme d'enquête sous la direction du vétéran Pascal Lapointe.

Je suis convaincu que dans 30 ans, les trois premières décennies de l'histoire de l'Agence nous paraîtront un temps lointain, celui des dinosaures. Une époque pas nécessairement ennuyante, mais austère. Après 30 années de démarrage, l'Agence Science-Presse connaîtra 30 années d'expansion, de gloire et de prospérité.

Jean-Sébastien Marsan, président de l'Agence Science-Presse

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