Le caribou pourrait devenir aussi symbolique que l’ours polaire pour illustrer les méfaits des changements climatiques. Adapté aux déserts arctiques, il doit maintenant survivre dans des environnements, où la neige et le verglas s’annoncent plus abondants qu’auparavant. Au risque de s’épuiser et de mourir de faim…

« Nous avons plus d’images d’ours polaire que de caribous alors que la population d’ours est stable, même si la perte des glaces s’avère préoccupante. Ce n’est pas le cas des populations de caribous majoritairement en déclin », soutient Marco Fiesta-Bianchet, professeur de biologie de l’Université Sherbrooke et l’un des chercheurs de Caribou Ungava.

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Ce programme de recherche québécois réunissant des chercheurs des universités Laval et Sherbrooke et des spécialistes du Ministère des Ressources naturelles et de la faune du Québec se penchera sur la dynamique des populations et l’utilisation de l’espace des caribous migrateurs pour évaluer les effets du climat sur leur habitat.

Les conséquences des changements climatiques modifieraient les conditions de déplacement des bêtes. « L’épaisseur de neige influence les conditions de migration. Si elle est importante, il leur faut alors plus d’énergie pour se déplacer, ce qui influence la santé des populations de caribous », explique le chercheur.

Les caribous parcouraient plus de 5 000 km lors de leur migration dans des conditions plus difficiles. Ainsi, leurs sites de mise bas se situeraient maintenant à plus de 100 km des anciens sites.

Les chercheurs suivront les déplacements de deux troupeaux, celui de la rivière George – qui accusait déjà un déclin de 50 % entre 1993-2001 et celui de la rivière aux Feuilles — qui se porterait beaucoup mieux, sa population ayant même doublé depuis 1991. Ils recueilleront des données de densité, de localisation, de structure des populations et même de productivité des habitats.

Alerte aux caribous

Les caribous canadiens les plus en danger seraient des espèces sédentaires. Parmi elles, le caribou de la toundra (Rangifer tarandus groenlandicus), dont le statut est jugé préoccupant, et le caribou de Peary (Rangifer tarandus pearyi), une espèce jugée en voie de disparition. Pourtant, ces espèces ne figurent pas encore sur la liste des espèces en péril.

Et le gouvernement fédéral hésite encore à légiférer. « Nous avons pourtant d’excellentes données qui montrent le lien entre la perte d’habitat et le déclin des populations », clame le professeur Fiesta-Bianchet. Et là, le climat n’est pas à blâmer! L’homme constitue le principal responsable de ces pertes: construction de routes, exploitations forestières et industrielles, etc.

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