Des chercheurs de l’Etablissement français du sang (EFS) Alpes-Méditerranée ont été les premiers au monde à modifier génétiquement un groupe sanguin. Cette découverte, annoncée le mois dernier, ouvre la voie à de nouveaux tests de compatibilité sanguine avant la transfusion.

Alors qu’il existe 30 groupes sanguins chez l’être humain, la plupart des gens ne connaissent que les groupes Rhésus et ABO. Pourtant, les 28 autres groupes comptent pour la compatibilité entre donneurs et receveurs et certains d’entre eux existent sous des versions (ou allèles) très rares. C’est le cas du groupe Kidd/JK, dont l’allèle JK négatif ne concerne qu’une infime partie de la population et auquel s’est intéressée l’équipe du docteur Jacques Chiaron de l’EFS.

Abonnez-vous à notre infolettre!

Pour ne rien rater de l'actualité scientifique et tout savoir sur nos efforts pour lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation!

Les scientifiques ont produit des globules rouges de groupe sanguin Kidd/JK négatif à partir de cellules souches issues du sang d’un cordon ombilical. Par génie génétique, ils ont éteint le gène responsable de l’expression de la protéine JK, présent sur la membrane des globules rouges chez le groupe JK positif. Cette opération, appelée répression génétique, équivaut en quelque sorte à un décapage de protéines JK. Les globules rouges obtenus présentent les mêmes caractéristiques que celles du groupe JK négatif et ne sont pas détruits par le système immunitaire du receveur.

La méthode développée à l’EFS pourrait servir aux échantillons de sang rare dont le groupe est clairement identifié. Ces échantillons peu communs dont manquent parfois les centres de transfusion servent de référence pour identifier le sang d’une pochette et tester la compatibilité avec le receveur.

Par contre, le rêve d’un sang universel que l’on pourrait adapter à souhait est encore lointain. Il faudrait d’abord que les scientifiques parviennent à réitérer leur exploit pour tous les allèles des 30 groupes sanguins humains. Et puis, la méthode actuelle ne permet pas de produire suffisamment de sang modifié pour envisager des transfusions.

Cependant, l’innovation espérée pourrait être apportée par des Québécois. L’équipe de l'Institut de recherche en immunologie et cancérologie (IRIC) de l'Université de Montréal a réussi en effet à produire en laboratoire une grande quantité de cellules souches. Reste à en faire des globules rouges et de les assortir des 30 bons allèles du receveur. En attendant ce jour, le don du sang reste la seule et unique source pour la transfusion sanguine.

Je donne