À en croire de plus en plus de scientifiques, nous sommes en train d’assister à une extinction massive causée par l’homme. La pollution la déforestation, la surchasse, la surpêche et maintenant les changements climatiques, sont montrés du doigt pour le rythme actuel d’extinction des espèces, qui est de 100 à 1000 fois plus élevé que la normale. Mais une cause supplémentaire pourrait avoir été sous-estimée : les espèces invasives.

Depuis le 17e siècle, les espèces invasives seraient responsables de l’extinction de 40% des espèces connues, selon Anthony Ricciardi, professeur de biologie à l’Université McGill. Certaines études font même grimper cette proportion à près de 50%. On peut qualifier d’espèce invasive les espèces dont l’introduction à l’extérieur de leur habitat naturel menace la diversité biologique. Il est important de souligner que «seule une petite proportion des espèces transportées dans un nouvel environnement deviendront invasives, explique Anthony Ricciardi. Toutefois, l’impact qu’elles peuvent causer est souvent dévastateur ».

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Ricciardi participait le 4 juin à un débat sur la biodiversité à l’Université McGill, en compagnie de Peter Bridgewater du Joint Nature Conservation Committee au Royaume-Uni et de Jaime Webbe, du secrétariat de la Convention internationale sur la diversité biologique. Ils y ont discuté de la perte de diversité, des stratégies de conservation et de ses conséquences économiques. Selon le professeur de McGill, les espèces se déplacent plus rapidement et plus loin à un rythme qui est sans précédent.

Les espèces invasives sont transportées d’un écosystème à un autre par les humains. Les ballasts des navires, qui peuvent être remplis et vidés dans des écosystèmes complètement différents, sont un exemple. Les espèces peuvent en outre être implantées intentionnellement comme ce fut le cas pour la perche du Nil. Au moins 200 espèces sont disparues du lac Victoria en Afrique depuis son implantation dans les années 1950.

Certes, des espèces ont été introduites de bonne foi dans l’espoir de contrôler les écosystèmes débalancés par l’arrivée d’espèces invasives, mais les résultats, là aussi, ont souvent été désastreux. Le professeur Ricciardi est tout particulièrement contre cette forme de contrôle, car selon lui, il n’est pas possible de connaître toutes les interactions d’un écosystème.

Les scientifiques devraient s’en tenir à laisser la nature faire son œuvre elle-même, car l’implantation espèces invasives, introduites intentionnellement ou non, risque de devenir un problème de plus en plus criant avec la mondialisation qui s’accélère.

Paul-André Gilbert

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