Deux constats sur les mythiques réserves de pétrole et de gaz de l’Arctique : 1) elles sont largement concentrées en Russie et 2) bien qu’abondantes, elles ne le sont pas assez pour atténuer l’évolution actuelle vers un déclin de la production pétrolière.

Dans une étude parue à la fin-mai mais largement passée inaperçue, une équipe de géologues américains publie ce qu’elle décrit comme la première évaluation solide des ressources qui se cachent là-bas. Elle conclut que 13% des ressources mondiales de pétrole encore à découvrir (ou 83 milliards de barils) sont au-delà du cercle Arctique, de même que 30% des ressources de gaz naturel.

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Cela peut sembler beaucoup, mais pour le pétrole, cela ne représente que trois années de réserves. La situation est plus réjouissante avec le gaz naturel, où cette richesse représenterait 14 années, au rythme actuel de la demande mondiale.

Ce qui en laisse assez pour faire de la Russie la reine du gaz naturel pour les années à venir (elle en est déjà la principale productrice) et ce, même si elle ne réussissait pas à convaincre les Nations Unies que ses frontières maritimes vont au-delà des limites actuellement admises.

La majorité de cette richesse est enfouie à des profondeurs de moins de 500 mètres, ce qui la rendrait facile à extraire —le jour où les glaces de l’Arctique auront fondu— mais pas facile à acheminer, depuis ces régions (très) éloignées. Encore que, là encore, la Russie bénéficie d’un grand avantage : elle y est déjà. Depuis 2007, elle a extrait des milliards de barils de ses champs de pétrole marins de l’Ouest de la Sibérie.

Cette étude, signée en partie par des chercheurs du US Geological Survey, associés à un collègue danois du Groenland, demeure une estimation. Elle a été réalisée à partir des connaissances accumulées au cours des dernières décennies sur les roches sédimentaires des différentes régions de l’Arctique. Donald Gautier et ses collègues géologues y travaillent depuis cinq ans, explique-t-on dans Science . Comme avec toute « étude probabiliste », il subsiste une marge d’erreur.

Ainsi qu'une incertitude : les investisseurs y verront-ils un incitatif à se lancer à fond de train dans l’exploitation de pétrole de l’Arctique, ou une raison de plus d’être prudents?

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