Le travail d’anciens arpenteurs - datant de plus de 200 ans - pourrait participer à la préservation des anciennes forêts québécoises. En effet, des chercheurs québécois compilent depuis deux ans des milliers de pages d’arpentage, les vieilles mesures de délimitation du territoire en cantons et en rangs.

« Si la forêt boréale s’avère bien connue, il reste encore à étudier les vieilles forêts feuillues du Québec. Les archives d’arpentage constituent la meilleure source d’information pour cela », explique Dominique Arseneault, professeur au département de biologie de l’Université du Québec à Rimouski.

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Cette ancienne documentation aidera les chercheurs à arpenter les forêts originelles de l’Est-du-Québec et à reconstituer le visage des forêts d’autrefois : espèces d’arbres, distributions, fréquences ou dominances, etc.

Cette connaissance des vieilles forêts pourrait même contribuer à une meilleure préservation de notre patrimoine forestier. Il s’agit en effet d’une donnée utile pour l’adoption d’une approche de gestion écosystémique des forêts souhaitée par la Commission d’étude sur la gestion de la forêt publique québécoise. Le rapport Coulombe qui en découla recommandait d’ailleurs que l’exploitation des forêts soit assujettie à la protection des écosystèmes. « Pour s’inspirer de la dynamique naturelle, il nous faut donc mieux connaître les forêts préindustrielles », insiste le chercheur.

Les écrits des arpenteurs

La numérisation de plus de 35 000 pages d’archives, datant de la période comprise entre1790 et 1920, a déjà permis de dessiner les cartes des anciennes forêts des Cantons de l’Est, de Chaudière-Appalaches et de la Gaspésie. L’équipe de recherche s’attèlera prochainement aux pages touchant les forêts des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais.

Pourtant, il n’est pas simple de déchiffrer ces vieux documents rédigés à la main. « Ce travail prend du temps, car chaque arpenteur possédait des annotations qui lui étaient propres », fait remarquer le chercheur.

Ces pages témoignent de toute une épopée à travers un territoire vierge large de plus de 30 000 km2. Afin de tracer les limites des cantons et des rangs, l’équipe d’arpentage devait franchir de grandes distances à pieds à travers la forêt, mais aussi faire de nombreux canotages.

Le travail de délimitation du territoire public comprenait aussi le déboisement des contours des parcelles marquées par des poteaux à ériger. « Tracer le pourtour d’un canton pouvait prendre deux ou trois étés. »

Les arpenteurs consignaient alors des renseignements localisés de manière précise sur les ressources naturelles disponibles. Cette couverture systématique permet aujourd’hui de redessiner les cartes des vieilles forêts. Et de rêver les arpenter à nouveau!

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