On a souvent dit de l’Arctique qu’elle était la région du globe la plus sensible aux variations du climat. En voici une autre illustration : il aurait suffi d’un siècle pour que nous inversions dans cette région une tendance vieille de 2000 ans.

Le bon côté, c’est que si cela est exact, nous avons évité un âge glaciaire censé nous tomber dessus —très progressivement— dans quelques millénaires. Mais en le remplaçant par une perturbation catastrophique et ultrarapide des écosystèmes —et qui, elle, nous pend au bout du nez dès le prochain siècle— il n’est pas sûr que nous y ayons gagné au change.

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Concrètement, de quoi parle cette nouvelle étude? De chiffres. Selon ce qu’a mesuré l’équipe dirigée par Darrell S. Kaufman, de l’Université d’Arizona du Nord, l’Arctique s’est refroidi en moyenne de moins d’un degré par millénaire, depuis au moins 2000 ans. Mais il s’est réchauffé d’au moins deux degrés... depuis 100 ans.

« La lente tendance au refroidissement est triviale, en comparaison du réchauffement déjà survenu en plus de celui qui est déjà dans le pipeline », résume Kaufman.

Ces scientifiques ont passé un an à analyser des ronds d’arbres, des sédiments au fond des lacs et des carottes de glace, en Sibérie et en Alaska. Ces données leur permettent de placer sur un tableau une température moyenne, décennie par décennie, pendant 2000 ans. Les réactions dans la communauté scientifique, depuis la parution de cette étude la semaine dernière dans Science, vont de l’admiration pour l’ampleur du travail jusqu’à la surprise devant la rapidité avec laquelle l’Arctique « réagit » aux injections massives de gaz à effet de serre dans notre atmosphère.

La Terre était-elle vraiment, avant que ce réchauffement ne survienne, dans le deuxième tiers d’une phase de refroidissement étalée sur 12 000 ans et causée par des variations de son orbite? C’est ce que prétendent certains experts en glaciologie, planétologie et géologie, et c’est cette mesure que tient pour acquise la nouvelle étude. Mais quelques millénaires de plus ou de moins importent peu, considérant le minuscule laps de temps qui, lui, a été nécessaire pour inverser cette tendance : seulement 100 ans.

Et même moins encore : Kaufman et ses collègues confirment ce que bien d’autres travaux, dans bien des domaines, ont dit avant eux : la tendance au réchauffement s’est intensifiée depuis 1950. Si l’Arctique constitue vraiment un avant-goût de ce qui attend le reste de la planète, à pareille vitesse, peu d’écosystèmes auraient le temps de s’adapter...

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