Essayez de culpabiliser quelqu’un pour qu’il recycle ses déchets ou économise l’énergie, et vous allez frapper un mur. Dites-lui que ses voisins recyclent ou économisent l’énergie, et il sera soudain aussi efficace qu’un véritable écolo.

Le truc des voisins est passé dans la littérature scientifique depuis que des familles de San Marcos, Californie, ont changé leurs habitudes... quand on leur a dit que leurs voisins avaient changé les leurs. Passer d’un climatiseur à un ventilateur en été, prendre des douches plus courtes, éteindre les lumières : des chercheurs de l’université locale avaient distribué des dépliants invoquant tour à tour l’importance de la conservation de l’énergie, les générations futures et les factures d’électricité moins élevées... En vain. Ce sont les dépliants « les voisins le font » qui ont eu le plus d’impact.

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Dans une autre étude parue en 2007 dans Psychological Science , les chercheurs ont franchi un pas de plus, en dévoilant ce qu’était la consommation d’énergie moyenne du voisinage : les plus gros utilisateurs, ceux qui étaient au-dessus de la moyenne, ont alors réduit leur consommation d’électricité, et les utilisateurs « économes » ont été encouragés par des visages souriants sur leur relevé... ce qui, spéculent les psychologues, les a peut-être incités à ne pas consommer davantage pour rejoindre la moyenne.

Mais le truc des voisins n’est pas le seul à avoir été expérimenté avec succès, comme en témoignait un rapport de l’Association américaine des psychologues publié le mois dernier. Il y avait aussi l’information en direct. Le New Scientist donne l’exemple de la Toyota Prius, qui affiche la consommation au gallon de la dernière demi-heure, par tranches de 5 minutes : l’automobiliste est ainsi porté à ajuster sa conduite en conséquence.

Il y a aussi le truc de la récompense immédiate, ajoute une autre étude parue dans le Journal of Experimental Psychology ; un chèque du gouvernement pour mieux isoler sa maison aura plus d’impact que la promesse d’économies à long terme (même si elles sont plus importantes).

Et il y a enfin ce que le psychologue néerlandais Mark van Vugt appelle « l’altruisme compétitif » : des gens vont donner plus d’argent quand leurs dons sont rendus publics. Et les hommes sont plus généreux quand une femme est présente.

On est loin de la construction d’éoliennes, des compteurs d’électricité, des voitures hybrides? Pas tant que ça. Suffit d’utiliser un peu de psychologie...

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