Pour la septième année, l’Agence métropolitaine de transport (AMT) organise la journée En ville sans ma voiture à Montréal. Lors de cette journée, où toute circulation automobile est interdite de 9 h 30 à 15 h 30 dans un périmètre restreint du centre-ville de Montréal, on vise à sensibiliser la population à l’importance des transports collectifs. L’initiative est louable, mais atteint-on la cible? Et comment la performance de Montréal en transport en commun se compare-t-elle à celle d’autres villes dans le monde?

Selon Paul Lewis, professeur à l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal et directeur de l’Observatoire SITQ du développement urbain et immobilier, la journée « sans voiture » ne sensibilise pas beaucoup de gens puisqu’elle se tient en dehors des heures de pointe, ne dérange personne et n’interdit la circulation automobile que dans un périmètre très restreint. « En comparaison, le Festival de Jazz a plus d’impact, car les rues sont fermées de plus longues heures et durant une dizaine de jours, dit-il. D’ailleurs, une journée sans voiture sans investissement massif dans le transport collectif ne donne pas grand-chose. » Rappelons que depuis le prolongement du métro à Laval, il n’y a pas eu d’investissement majeur en transport collectif dans la région de Montréal.

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On est loin des villes, comme Fribourg en Allemagne, qui ont aménagé un quartier complet sans voiture en 2006. Ou des villes comme Londres qui exigent une tarification aux automobilistes voulant accéder au centre-ville et plusieurs villes italiennes qui ont fermé partiellement ou complètement leur centre-ville à la circulation automobile et n’autorisent que les déplacements en transport en commun. La ville de Portland, en Oregon, a également beaucoup misé sur les transports collectifs, la marche et le vélo depuis les trente dernières années. Aujourd’hui, elle offre un système de transport très évolué, avec système léger sur rail et autobus, munis de supports à vélo. Le transport en commun est même gratuit dans le centre-ville!

Au Québec, la ministre des Transports Julie Boulet a annoncé récemment un prolongement majeur du métro de 20 km à Longueuil, dans l’est de Montréal et à Laval. Pour M. Lewis, c’est un peu bizarre que l’on planifie des projets de métro en banlieue, là où la demande en transport est plus faible et plus difficile à rentabiliser, et que l’on songe à des projets de tramway en ville, projets moins chers à implanter qui pourraient être rentables en banlieue.

Il soutient tout de même que Montréal n’est pas un cancre en matière de transport en commun. « La part de marché pour ce type de transport est parmi la plus élevée en Amérique du Nord. » Selon le rapport d’activité 2008 de la Société de transport de Montréal (STM), les Montréalais effectuent 203 déplacements annuels en transport collectif contre 184 à Toronto et 141 en moyenne dans les principales villes américaines (Boston, Chicago, Détroit, New York, Washington et San Francisco). De plus, la STM connait une hausse constante de son achalandage depuis quelques années. Elle a été de 4,1 % en 2008, un record.

Toutefois, un problème de taille persiste : « Les déplacements de la banlieue vers le centre-ville sont très bien desservis alors que les déplacements de banlieue en banlieue le sont beaucoup moins, affirme M. Lewis. Deux millions de personnes dans la région de Montréal sont donc mal desservies et choisissent l’auto pour se déplacer. » L’annonce récente de Mme Boulet ne règlera que partiellement ce problème.

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