Jusqu’à quel point le phénomène des « nègres », ou auteurs qui servent de prête-noms, est-il répandu? Après le coup d’éclat de cet été, où il avait été révélé que 26 articles, en 1998 et 2005, avaient été écrits par des rédacteurs mais signés par des scientifiques servant de prête-noms, une étude auprès de 630 chercheurs révèle à présent que 7,8% d’entre eux admettent qu’il y avait un « fantôme » caché derrière leur dernier article.

Autrement dit, quelqu’un qui, comme rédacteur ou comme statisticien, a contribué de manière significative à l’article, mais dont le nom n’apparaît pas dans la liste des signataires. Le taux était de 10,9% pour les auteurs dont l’article était paru dans le New England Journal of Medicine, ce dont le journal a réagi en se disant « sceptique ».

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Une étude similaire menée en 1996 arrivait à 11%. Ce qui signifie qu’en dépit des efforts des journaux médicaux (voir encadré) pour la faire disparaître, cette pratique persiste.

La nouvelle étude a été présentée en septembre à Vancouver, dans le cadre du 6e Congrès annuel sur la publication biomédicale et révisée par les pairs. Elle avait été commandée par le Journal de l’Association médicale américaine (JAMA) –chez qui l’étude conclut à un taux de « ghostwriting » de 7,9%.

« Nous recevons plusieurs manuscrits par mois qui sont suspects », a reconnu à cette occasion William Tierney, co-rédacteur en chef du Journal of General Internal Medicine. Par exemple, sont rapidement rejetés parce que vraiment trop suspects : les auteurs qui font une revue favorable d’un nouveau médicament, mais qui n’ont jamais publié auparavant sur ce sujet.

Le congrès a été une occasion de plus pour inciter les journaux qui publient des recherches en médecine à resserrer leurs critères : tout co-signataire d’un article devrait idéalement être tenu de préciser quelle fut sa contribution à la recherche (c'est ce que fait le JAMA). Cela qui éliminerait les personnes qui n’ont rien fait dans l'étude mais acceptent, moyennant rémunération, d’ajouter leur nom à la liste des signataires.

Selon Jenny White, de l’Université de Californie, seulement des 4 des 26 journaux qu’elle a étudiés ont une telle politique –mais ce sont aussi ceux qui sont les moins susceptibles d’être ciblés par une compagnie pharmaceutique désireuse de faire publier « ses » études.

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