Cinq profils différents, cinq têtes pensantes en ébullition, cinq CV garnis à l'extrême : les prix du Québec dans le domaine scientifique ont été décernés à une poignée de chercheurs qui ne brillent pas toujours sous les projecteurs, mais dont le champ d'enquête s'étend des fraisiers aux cieux étoilés. Portraits.

Vous aimez déguster des fraises fraîches de juin à septembre? Eh bien, vous devriez remercier André Gosselin, qui a emporté le prix dans la catégorie recherche et développement industriel. Horticulteur et professeur à l'Université Laval, il a mis au point une série de techniques pour que les maraîchers s'affranchissent des conditions climatiques contraignantes du Québec. Dans son panier, on trouve de nombreux coups de pouce d'innovation aux agriculteurs. « Deux semaines par année pour manger des fraises, quand j'étais petit, c'était trop court, plaisante-t-il. J'ai importé de nouvelles solutions génétiques depuis les États-Unis. »

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Du côté des sciences biomédicales, le docteur Otto Kuchel, à l'origine de divers traitements ayant fait leurs preuves, rafle la distinction. Il a résolu bien des énigmes en défrichant les mécanismes de l'hypertension dont il est l'un des meilleurs spécialistes. Parmi ses nombreuses découvertes, il cite celle du « rôle d'une substance essentielle pour la régulation d'équilibre homéostatique de l'homme et dont le défaut ou l'excès peut signifier la présence d'une maladie connue ». M. Otto parle sept langues. Qui dit mieux? Gilles Bibeau. L'anthropologue, désigné dans la catégorie sciences humaines, en maîtrise neuf. Au vu des ses réalisations tentaculaires, cela n'a rien d'étonnant : versé autant dans la médecine traditionnelle africaine que dans la génétique ou les gangs de rue, il a aussi mis sur pied une unité de pédiatrie interculturelle. Parmi ses multiples recherches actuelles, il cite « le problème de civilisation posé par les épidémies liées aux déséquilibres introduits par l'homme dans la nature. » Plus que jamais d'actualité.

L'astrophysicienne Victoria Kaspi est née sous une bonne étoile. Après avoir observé durant cinq longues années des pulsars et magnétars – des types d'étoiles à neutrons –, elle en comprend soudainement le mécanisme « un jour, par chance », raconte-t-elle. « Il y a eu une explosion au moment même où nous observions l'étoile. Cela arrive une fois tous les dix ou vingt ans. » Cette chercheuse de l'Université McGill a également découvert une étoile de 10 km de diamètre, tournant sur son axe 716 fois par seconde, du jamais vu!

Enfin, le mathématicien et physicien Luc Vinet s'est distingué pour son habileté à bâtir autre chose que des équations. Il a coulé les fondations du réseau national de centres d'excellence en mathématiques et du réseau québécois de calcul de haute performance. Mais à son actif, on trouve aussi la pose des premières pierres de l'École de santé publique, du Centre de la biodiversité au Jardin botanique et de la Cité du savoir à Laval.

Les lauréats scientifiques ont reçu la plus haute distinction du gouvernement provincial des mains de la ministre Christine St-Pierre, suppléante de Clément Gignac, ministre du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation. Une cérémonie officielle est prévue à Québec le 3 novembre, date à partir de laquelle des entrevues avec chacun des candidats seront diffusées sur le web à l'adresse www.prixduquebec.gouv.qc.ca

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